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Mohamed Arezki Ferrad : «Les décideurs appliquent leur feuille de route pour demeurer au pouvoir»
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Publié dans El Watan le 16 - 11 - 2013

Incisif, l'opposant Mohamed Arezki Ferrad lance un «cri de colère à la face du despotisme» d'un régime politique qui empêche la naissance d'un Etat démocratique tel que préconisé par l'Appel de Novembre.
Dans cet entretien, sans détour, il brocarde l'ordre autoritaire qui s'est mis en place depuis l'indépendance et continue de sévir. Il met en garde contre les tentatives des décideurs qui s'affairent, selon lui, à fermer la prochaine élection présidentielle pour «se maintenir au pouvoir vaille que vaille». «Ils veulent se maintenir quitte à ébranler les institutions de la République, allumer le feu de la discorde entre eux, piétiner la Constitution et la volonté populaire à laquelle ils ne croient jamais par ailleurs», dénonce-t-il. Ancien député du FFS (un parti qu'il a quitté en 2000), M. Ferrad estime que «le régime despotique actuel représente le passé, il est condamné à finir en dehors de l'histoire» et que «l'avenir est immanquablement à la démocratie».

- Vous venez de publier un livre sous le titre annonciateur : Cris à la face du despotisme. L'Algérie vit-elle un régime despotique ?

Il est regrettable qu'un demi-siècle après le recouvrement de la souveraineté nationale, nous nous trouvions à parler d'un système politique despotique imposé au peuple par la force. Si la Déclaration du 1er Novembre 1954 avait été respectée, on aurait certainement bâti un Etat démocratique à l'indépendance. Hélas, à ce moment-là, l'égoïsme l'a emporté sur les valeurs d'une Révolution aux dimensions démocratiques. Depuis et jusqu'à nos jours, l'Algérie tourne dans un cercle vicieux et le projet d'un Etat démocratique est dans le statu quo, cinquante ans après l'indépendance.
C'est avec beaucoup de regret aussi que l'on constate que des pays qui étaient au même niveau de développement que l'Algérie ont pu aujourd'hui, grâce à la démocratie, rejoindre le cercle des pays modernes. Le meilleur exemple en est la Corée du Sud. L'Algérie, trahie, est soumise aux humeurs des décideurs et non pas aux règles et lois. Elle est gérée telle une ferme privée où la culture de l'Etat est gravement altérée face au culte de la personnalité rampant qui s'est exacerbé depuis 1999. Il n'est de mouvement que s'il est placé sous le fameux «patronage de Son Excellence le Président». L'Etat, qui ne dispose pas d'institutions indépendantes, n'est pas soumis dans son fonctionnement au principe de la séparation des pouvoirs et où l'alternance au pouvoir par la volonté populaire est impossible. C'est un Etat despotique par excellence.
Un Etat où le peuple ne jouit pas de la citoyenneté, où les libertés publiques brimées, les médias libres étouffés, où la société civile est transformée en simples comités de soutien au lieu d'être une force de proposition et de contrôle et un contrepouvoir est un Etat despotique et autoritaire à tous points de vue. Tant qu'en Algérie en emprisonne encore pour cause d'opinion politique contraire à celle du sultan et tant que l'allégeance est un critère d'accès aux postes de responsabilité au lieu de la compétence et de la volonté populaire, nous, les Algériens, nous ne sommes pas encore au rang de la citoyenneté.
- C'est dans cet état d'autoritarisme que se tiendra, dans cinq mois, l'élection présidentielle. Quel commentaire cela vous inspire ?

La situation du pays est malheureusement dans un très mauvais état. En lieu et place d'appliquer l'article 88 de la Constitution après la grave maladie du président de la République – que Dieu le guérisse –, une maladie qui l'empêche d'accomplir sa mission, voilà que nous observons avec stupéfaction que ceux à qui profite le système rentier arborent le slogan d'un quatrième mandat, bien qu'ils sachent l'impossibilité de Abdelaziz Bouteflika à rester encore au pouvoir.
Ils s'affairent à fermer la prochaine élection présidentielle pour se maintenir au pouvoir vaille que vaille. Ils veulent se maintenir quitte à ébranler les institutions de la République, allumer le feu de la discorde entre eux, piétiner la Constitution et la volonté populaire à laquelle ils ne croient pas par ailleurs. Chez eux, la fin justifie les moyens.
- La convalescence du président Bouteflika se poursuit depuis sept mois et semble s'éterniser. N'est-ce pas là une vacance du pouvoir ?

En réalité, tout pouvoir dépourvu de légitimité populaire, où toute action politique qui se déroule en dehors du projet démocratique tel que préconisé par la Déclaration du 1er Novembre 1954 n'est que spéculation et perte de temps.
De ce point de vue-là, j'observe que le vide politique a caractérisé l'Algérie depuis 1962. L'ordre autoritaire qui ne respecte pas la volonté populaire ni la culture démocratique, ni les institutions de l'Etat, ni la Constitution est un système qui ne mesure pas les risques de ce vide politique et ne prend pas conscience de son danger. Celui qui a superbement exprimé cette «absurdité politique» est le grand artiste amazigh, le sage Lounis Aït Menguellet, qui dit : «Le gouvernant qui n'est pas guidé n'aura peur de personne pour demeurer.» Dans l'Etat de despotisme rien ne pourra empêcher le despotisme.
- Vous avez lancé une initiative, avec d'autres personnalités politiques, dans laquelle vous proposez la nécessité d'aller vers une transition démocratique. Pensez-vous que le pouvoir, que vous qualifiez d'«autoritaire», sera sensible à votre proposition ou va-t-il encore imposer une feuille de route qui retardera le changement démocratique ?

Laissez-moi vous dire que l'initiative que nous avons lancée avec les frères Abdelaziz Rahabi et Ahmed Adimi était une démarche indépendante, que nous avons exposée à l'opinion publique dans un contexte connu. Elle a deux objectifs essentiels. D'abord, la défense de l'Etat algérien et ses institutions institutionnelles qui sont sérieusement menacées en raison d'une politique despotique et autoritaire. Le second objectif était de faire face à la tentative d'ajourner l'élection présidentielle prévue pour l'an prochain. Nous avons exigé de ne pas toucher à la Constitution avant l'élection présidentielle, de respecter les délais de l'élection présidentielle de 2014 et enfin de travailler à réunir les conditions nécessaires à l'organisation d'un scrutin libre et honnête, qui serait une lueur d'espoir pour sortir l'Algérie de l'Etat des personnes vers un Etat des institutions, fondées par la volonté et de la souveraineté populaires. Malheureusement, les conditions politiques dominantes indiquent clairement que les décideurs s'obstinent à appliquer leur propre feuille de route pour rester au pouvoir. Et ce qui a encouragé le régime politique en place à engager cette aventure politique est l'absence d'un rapport de force dans un paysage politique capable de dissuader le pouvoir. Les partis politiques sont faibles, la société civile est domptée et l'université, malade, n'est plus capable de protéger le projet de modernité et de démocratie. Le pouvoir a désactivé le rôle du syndicat après avoir réussi à acheter la conscience de la direction de l'UGTA. Le rôle des élites intellectuelles au sein de la société s'est aussi effondré en raison de la politique de la carotte et le bâton. Le pouvoir a réduit au silence certains intellectuels par l'intimidation et en leur coupant leurs sources de subsistance. Pour d'autres intellectuels, on a acheté leur silence en contrepartie de nominations à des postes et par l'argent.

- Vous dressez là un tableau des plus sombres de la situation politique du pays, où il n'y a plus de place finalement pour le changement…

Malgré ce climat obscur aux horizons politiques incertains, la probabilité d'un changement démocratique reste de mise. Il survient à tout moment, sans prévenir, par la voie d'une explosion sociale. Mais, dans ce cas, le prix à payer sera très cher et c'est pour cela que nous regrettons l'entêtement des décideurs à faire rater au pays des occasions d'un changement en douce et graduel.
- Mais en face, l'opposition politique n'a pas réussi à créer un rapport de force lui permettant d'imposer le projet démocratique. Vous étiez, dans le passé, député et dirigeant du Front des forces socialistes (FFS). Quel regard portez-vous aujourd'hui sur le sort de cette opposition ?

La faiblesse des partis politiques est justement l'une des raisons qui ont permis au régime politique despotique algérien de devenir monstrueux. J'estime que la responsabilité de cette faiblesse des partis incombe à la fois au pouvoir politique et aux partis eux-mêmes. Au lendemain de l'indépendance, nous avions eu des grandes compétences politiques, capables de bâtir une classe politique forte, à la hauteur des défis de cette période. Je veux citer des illustres noms comme Boudiaf, Aït Ahmed, Krim, Abbas, Ben Khedda, Debaghine, Farès, Mehri, Bachir El Ibrahimi… Mais l'accaparement par la force du pouvoir par le groupe de Oujda soutenu par l'armée des frontières et le choix d'un régime du parti unique comme moyen de construire un Etat ont fait rater à l'Algérie cette chance historique. Après l'instauration du multipartisme, à la faveur de la Constitution de 1989, le pouvoir a encore une fois manœuvré pour diluer l'action politique et noyer la classe politique avec l'éclosion de partis sortis directement de ses laboratoires. En résumé, le pouvoir n'avait pas affiché une réelle volonté pour permettre l'émergence d'une classe politique sérieuse.
De leur côté, les partis politiques assument leur part de responsabilité en raison de conflits idéologiques qui les ont brisés. A cause également de la mentalité despotique qui habitait l'esprit des dirigeants des partis et l'abandon de l'action politique par certains d'entre eux. Ces formations politiques se sont transformées en simples comités de soutien au pouvoir dans le but d'obtenir avantages et privilèges. Ces erreurs politiques fatales ont conduit à avilir l'action des partis et à décrédibiliser le politique. Résultat : de larges pans de la société se détournent et refusent d'adhérer dans le combat politique. Et, plus dangereux encore, c'est l'intrusion de l'argent sale dans l'espace politique.
- Que faire pour rompre avec cette crise du politique ?

Nous sommes en présence d'une réalité politique grave, mais l'espoir n'est pas perdu. La construction d'un Etat exige l'existence de partis forts, d'une classe politique efficace et d'une société civile indépendante. Ce sont là des éléments essentiels, la pierre angulaire de la gestion des affaires de l'Etat, permettant une alternance au pouvoir en se conformant à la volonté populaire. Quel que soit le cas, je reste convaincu que le régime despotique actuel représente le passé ; il est condamné à finir en dehors de l'histoire. L'avenir est immanquablement à la démocratie.


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