Pour le quatrième jour consécutif et ce, depuis mercredi dernier, les travailleurs de Coto Sud ont reconduit leur piquet au devant la BNA, dont le siège est toujours fermé. Sur les grilles de la BNA comme sur les arbres, des banderoles ont été accrochées et sur lesquelles on pouvait lire : « Non aux affameurs », « La mafia du coton sévit », « Coto Sud a touché les gros bonnets ». Jeudi dernier, alors que des négociations étaient en cours avec les responsables de la BNA, le dérapage a été évité in extremis quand les forces anti-émeutes tentèrent d'interpeller un syndicaliste. Avisé, le procureur de la République s'est déplacé sur les lieux pour retirer les éléments du groupe d'intervention (70). Entre-temps, l'ébauche d'une solution élaborée au cours d'une réunion avec les responsable de la BNA n'a pu être exécutée, elle bute contre un niet opposé en haut lieu. « C'est un cadre au niveau central, à Alger, à la DGE (direction des grandes entreprises) qui est à l'origine du blocage, étant lui-même impliqué en sa qualité de membre du conseil d'administration de plusieurs filiales textiles, dont Soitex Tlemcen », nous a confié M. Maâche, président du directoire Sgpim. Alors que les deux parties BNA et responsables de Coto Sud s'étaient entendues sur une répartition des ressources estimées à plus de 51 millions de dinars, soit 43 millions de dinars en chèque et traites et 8 millions de dinars. ASF dont 16 millions ont été affectés au paiement de deux mois de salaires. Sonelgaz, qui détient 5 millions de dinars de dettes, a procédé à la coupure de l'électricité. Interpellées, les autorités locales concernées en premier chef par le maintien de l'ordre public se refusent à s'immiscer avec les parties qui se disputent la légitimité. Le wali, qui a reçu les représentants du partenaire social, s'est engagé à saisir le ministre sur la question stricte des salaires. Selon les informations en notre possession, le ministre des Finances a été saisi, lequel à son tour aurait saisi son homologue du MPPI (ministère de la Participation et de la la promotion de l'investissement. Pour sa part, le nouveau chef du gouvernement, qui a été destinataire bien avant sa nomination en sa qualité de SG du FLN d'un dossier complet sur l'affaire du SGPIM, est très attendu sur la question et pourrait être amené à prendre des décisions. S'agissant du vrai faux attribué au chef du gouvernement sortant, invoqué par le directeur de la BNA, nul n'est en mesure d'en déterminer l'origine ; le document, dont une copie nous a été remise fait état de « fin de fonction de M. Maâche en date du 7 mai sur la base d'une décision du 3 décembre 2005 sous le numéro de référence 5 », tout comme si le chef de gouvernement n'avait pas pris d'autres décisions depuis. Selon nos interlocuteurs, « le recours à la falsification de la signature du chef du gouvernement, pour étouffer Coto Sud, s'explique par le fait que les achats groupés de coton au double des cours mondiaux ont été effectués au nom de Coto Sud ». En attendant la suite des événements, les délégués syndicaux ne semblent plus capables de contenir la colère qu'ils couvent. les travailleurs, eux, ne comprennent pas qu'on les prive de leur salaire, qu'on affame leur famille, qu'on s'acharne ainsi pour la fermeture de l'entreprise, la dernière à survivre au cimetière qu'est devenue la zone industrielle de Laghouat.