Les chefs de tribu se rangent derrière l'amenokal pour contester ouvertement l'actuelle direction du RND. La décision prise par l'amenokal de Tamanrasset, Ahmed Edabir, de démissionner des rangs du RND ne cesse de susciter les réactions de la société civile dans la capitale de l'Ahaggar. La plus importante est celle émanant de nombreux chefs de tribus de cette wilaya qui menacent «d'enterrer» le parti dans le cas où les revendications de l'amenokal ne sont pas satisfaites. Dans une lettre de soutien à Ahmed Edabir, les signataires déclarent : «Nous, les chefs de tribu, garants de la stabilité et de la réussite du RND depuis sa création, auxquels se joint la jeunesse, attirons l'attention de la direction du parti (...). La sonnette d'alarme vient d'être déclenchée par le chef suprême, l'amenokal n'Ahaggar, Edabir Ahmed, derrière lequel nous nous rangeons (…) parce que la goutte d'eau qui fait déborder le vase vient de tomber.» Les chefs des tribu expliquent : «Nous avons usé de tous les moyens pacifiques et raisonnables pour faire passer notre message de mécontentement quant à la gestion catastrophique de notre parti par le secrétaire général désigné, qui en fait une propriété privée où prime l'exclusion des cadres militants et où règne le clanisme et le favoritisme (…). Malheureusement, la direction nationale nous a tout simplement ignorés et, plus grave encore, nous a livrés à notre sort. C'est grâce à la sagesse et à l'influence dont jouit l'amenokal que le RND est toujours debout dans notre wilaya.» Les signataires mettent en garde la direction nationale du parti en déclarant : «Dans le cas où les revendications de notre amenokal, Ahmed Edabir, ne sont pas satisfaites avant la tenue des congrès régionaux, vous aurez la preuve que le RND sera enterré définitivement à Tamanrasset. Et la direction nationale endossera cette lourde responsabilité aux graves conséquences devant l'histoire.» En fait, cette réaction intervient alors que l'amenokal a été reçu il y a quelques jours seulement, à Alger, par les plus hauts responsables du RND, justement dans le but de le faire revenir sur sa décision de claquer la porte du parti. «Les longues heures de discussion se sont terminées sur des promesses fermes de la part des dirigeants du RND de résoudre définitivement les problèmes posés par l'amenokal. Il a été question de refuser la démission de ce dernier. Pour l'instant, elle est suspendue jusqu'à nouvel ordre», affirme une source bien informée. Contacté, l'amenokal s'est refusé à tout commentaire relatif à la réaction des chefs des tribus touareg ou à sa démission des rangs du RND. Une démission qui, faut-il le rappeler, est historique dans la mesure où, depuis l'indépendance, l'amenokal de Tamanrasset a toujours été sous la casquette d'abord du FLN jusqu'au milieu des années 1990, lorsque ce parti, alors dirigé par feu Abdelhamid Mehri, s'est rapproché des islamistes, pour signer le fameux contrat de Rome sous l'égide de la communauté de Sant'Egidio. Ensuite, l'amenokal Akhamokh avait rejoint le RND et remis le flambeau, avant son décès à son neveu Ahmed Edabir. Pour l'instant, rien n'indique que cette démission soit définitive, d'autant que de nombreuses personnalités influentes dans le parti, proches d'Edabir, ont tout fait pour le dissuader de couper avec la vie politique au sein du RND. Affaire à suivre…