A l'issue d'une réunion extraordinaire, les membres du bureau du RND pour la wilaya de Tamanrasset ont annoncé hier avoir pris la décision de boycotter le scrutin législatif prévu le 10 mai prochain. Une décision prise à l'unanimité après un débat houleux entre les cadres et les militants du parti, en majorité des notables du Hoggar. Dans une lettre adressée au secrétaire général, Ahmed Ouyahia, ces derniers n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Ils expliquent leur acte en rappelant avoir été parmi les membres fondateurs du parti «qui ont permis l'arrivée, dès 1997, de nombreux contingents de Touareg, sur ordre de leur chef spirituel l'amenokal le défunt Hadj Moussa Akhamokh (…) par respect à la parole du sage et non parce que convaincus par les programmes que nous considérons comme de l'encre sur du papier et objet de surenchères politiques qui ont failli faire exploser la situation des Touareg au niveau de l'Ahaggar». Les auteurs de la lettre précisent à Ouyahia que le constat au sein du parti «a pris une grave tournure et porté lourdement atteinte à la stabilité de l'Ahaggar», en relevant qu'après les protestations pacifiques et médiatiques, «ce qui se passe à Tamanrasset est une opération de changement de la population autochtone à travers son bannissement de la terre de ses ancêtres». Pour preuve, notent-ils, «des complots antidémocratiques sont tissés par des personnes dont le seul intérêt est de profiter de la réputation du parti pour des intérêts purement personnels. Ce que nous considérons comme étant une hogra contre les chefs spirituels des Touareg dont le rôle est ainsi réduit au sein de la société». Ils ajoutent : «Les séismes politiques qui nous ont secoués sont l'œuvre d'opportunistes, de politiciens arrivistes et de personnes occultes qui ont usurpé le nom du parti pour servir leurs intérêts. Nous avons décidé de ne pas voter afin d'éviter que ces derniers réalisent leurs rêves et objectifs douteux.» Les auteurs de la lettre réaffirment leur «attachement au pays» et notent : «Aucun chantage ne peut nous dévoyer de l'amour de la patrie.» Cette lettre intervient quelques jours seulement après celle adressée à Ouyahia et dans laquelle, les mêmes signataires avaient dénoncé les pratiques «honteuses» de certains gros bonnets de l'argent sale qui se sont retrouvés sur les listes des candidatures à la députation. N'ayant pas eu de réponse, c'est l'amenokal de Tamanrasset, Ahmed Edabir, qui prend le relais en décidant de ne pas se présenter aux élections législatives, évitant ainsi l'éclatement de sa communauté, déjà fortement affectée par le flux de réfugiés maliens et l'attentat kamikaze contre le siège du groupement régional de la gendarmerie. Visiblement, c'est la première wilaya qui risque d'être absente au rendez-vous du 10 mai, si jamais l'amenokal décide de lancer un appel au boycott. Un précédent dans l'histoire du pays.