Les transferts pour soins à l'étranger seront réduits de 30% d'ici l'année 2008, avant d'être définitivement supprimés en 2009. Cela « sauf exception ». C'est ce qui a été annoncé, hier, par Amar Tou et Tayeb Louh, respectivement ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et ministre du Travail et de la Sécurité sociale, à l'occasion de la présentation du programme de réduction des transferts pour soins à l'étranger au siège du ministère de la Santé. Ce plan, qui s'étale sur une période de trois années (2006-2009), prévoit, selon le professeur Bougherbal, président de la Commission médicale nationale(CMN) d'enclencher les procédures de réduction et de substitution aux transferts dès 2006. Ce qui va être établi sur la base de données de ladite commission. Il est clair que d'ici trois années, plusieurs pathologies seront classées non éligibles aux transferts. Faisant le bilan des transferts, le Pr Bougherbal a souligné que le nombre de dossiers est passé de 7000 en 1987 à 762 en 1996. Le nombre de prises en charge a connu une forte régression pour atteindre 1282 accords pour l'année 2005, dont 568 transferts en cardiologie, 229 en neurochirurgie, 118 en ophtalmologie, 58 en oncologie, 184 en orthopédie, 45 en néphrologie et 80 pour diverses maladies. Il a été enregistré 16% de réductions des transferts par rapport à l'année 2004 et la facture de prise en charge a connu un écart de 26%. Elle est passée de 3,9 milliards de dinars en 2004 à 2,7 milliards de dinars en 2005. « Il y a lieu de rappeler l'existence d'un écart de 30% entre les engagements et les dépenses réelles (séjours raccourcis, patients récusés, patients décédés et problème d'obtention de visas). Les statistiques de la CMN ne concernent que les accords validés par la commission », a précisé le Pr Bougherbal. Il a signalé que les pathologies cardiovasculaires représentent près de 50% des transferts et celles-ci seront concernées par la réduction. La diminution se situera entre 20 à 30% entre 2006 et 2007. Elles seront arrêtées définitivement en 2009. Il s'agit de la chirurgie cardiaque adulte et enfant, cardiologie intentionnelle, chirurgie vasculaire, orthopédie, ophtalmologie, oncologie médicale et neurochirurgie. D'après le Pr Bougherbal, le coût moyen par malade est estimé à 23 000 euros pour les maladies cardiovasculaires, 15 000 euros pour les pathologies ophtalmiques, 26 000 euros pour la neurochirurgie, 35 000 euros pour l'oncologie, 51 000 euros pour l'orthopédie et 100 000 euros pour la néphrologie. Sur les 568 patients pris en charge à l'étranger, 284 sont des enfants. Parmi eux, 276 nouveaux-nés à petits poids souffrent de cardiopathies congénitales. Une pathologie encore non prise en charge en Algérie. 200 malades seront encore pris en charge à l'étranger entre 2006 et 2007 avec une enveloppe de 480 millions de dinars, a déclaré la représentante du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, qui a présenté le programme de son département concernant la prise en charge des cardiopathies congénitales en Algérie où elle s'effectue exclusivement à la clinique de Bou Ismaïl de la CNAS. Elle a indiqué que le coût moyen d'un malade pris en charge à l'étranger ( Belgique) est estimé à 2 400 000 DA. « Le gain réalisé par la mise en place d'une prise en charge sur le territoire national en substitution au transfert des malades à l'étranger est de 1 124 milliards de dinars », a-t-elle ajouté. Pour assurer la prise en charge au niveau local, le programme du ministère de la Santé préconise la mise en place de consensus thérapeutiques et de protocoles adaptés, l'identification des réseaux de soins, la redynamisation des conventions avec un contrat financier liant le bailleur de fonds et l'équipe soignante prestataire et l'intégration de ces pathologies dans les programmes de santé.