Aït Aïssa Mimoune vit dans une précarité avancée. De prime abord, c'est l'insécurité multiforme qui est dénoncée dans cette commune sise, pourtant, à 10 km seulement à l'est de Tizi Ouzou. Au sein de la population locale, les avis convergent : « Il y a une volonté à laisser pourrir la situation ». La prolifération de bars et de dépôts de boissons alcoolisées a fini par faire la réputation de cette région malgré elle. Sur le chemin de wilaya 174, qui relie Ouaguenoun à Tizi Ouzou en traversant Aït Aïssa Mimoune, les bars se dénombrent par dizaines, dont une grande partie exerce illégalement. En conséquence, le développement de ce genre de commerce a engendré un climat d'insécurité. Le banditisme et les actes de vol se sont multipliés. Des groupuscules de malfaiteurs agissent dans une totale impunité profitant de l'absence des services de sécurité dans la région. A l'instar de nombreuses communes de Tizi Ouzou, Aït Aïssa Mimoune ne compte aucun corps de sécurité, ni gendarmerie ni services de police. L'insécurité routière est la deuxième conséquence d'une telle situation. « Le CW 174 est devenu un mouroir », dira le P/APC d'Aït Aïssa Mimoune en évoquant la conduite en état d'ivresse qui est devenue fréquente sur cette route avec tout ce que cela provoque comme accidents de la circulation. Mécontente d'un tel état des lieux, l'opinion locale regrette que « l'administration fasse preuve de passivité face à ces fléaux qui foisonnent dans la région ». Cette déchéance se fait accompagner par un retard énorme en matière de développement local. Sans ressources financières propres, cette commune peuplée de plus de 21 000 habitants ne doit sa survie qu'aux minimes subventions de la wilaya. Pour les responsables de la commune, le mauvais découpage territorial est à l'origine de cette précarité. Le vice-président de l'APC, M. Aoudia, évoquera le problème de la zone des parcs, sise à Agouni Tiguits, qui a été annexée à Tala Athmane pour qu'elle soit transférée à la commune de Tizi Ouzou. « Notre commune a été amputée d'une zone stratégique. Si notre commune garde la gestion de la zone des parcs, elle peut garantir son autosatisfaction et elle n'aura même pas besoin des subventions de la wilaya », dira-t-il. Actuellement, la commission de l'aménagement du territoire de l'APC est sur le point de finaliser un dossier pour demander la récupération de cette zone « qui revient de plein droit à Aït Aïssa Mimoune ». Le P/APC dénonce cette expropriation dont sa commune a été victime. Pourtant, dira-t-il, « le développement et la viabilisation de la commune d'Aït Aïssa Mimoune contribuera largement au désengorgement du chef-lieu de wilaya qui tend vers la saturation ». Outre la zone des parcs, le problème du foncier se pose avec acuité dans cette municipalité. Pour la réception des projets d'utilité publique, la commune ne dispose pas d'assiettes viables. « Tous les terrains communaux ou domaniaux sont accidentés et se trouvent dans des zones reculées. Les terrains privés restent la seule alternative, mais l'expropriation coûte cher à l'APC », déclare le premier responsable de la commune. Pis encore, au lieu de négocier avec les propriétaires terriens pour l'acquisition de nouvelles assiettes, la commune est confrontée à l'indemnisation des anciennes expropriations. « Les expropriations opérées, il y a 20 ans constituent un lourd contentieux pour l'APC actuelle », dira Mme Aïmer, secrétaire générale de la commune qui citera l'exemple d'un particulier exproprié durant les années 1980 que la commune doit indemniser à hauteur de 100 millions de centimes, suite à une décision de justice qui tranche en sa faveur. Deux milliards pour 21 000 habitants En matière de plans communaux de développement (PCD), la commune d'Aït Aïssa Mimoune a bénéficié de deux milliards de centimes pour l'année 2006. Cette subvention est destinée à la couverture de sept opérations, dont deux réalisations d'AEP, deux opérations d'assainissement, le revêtement de deux chemins communaux et l'aménagement d'une piste. Comparativement aux besoins de la localité, l'enveloppe financière en question est très en deçà des attentes. Pour rattraper les retards, l'APC reste à l'écoute de la commission d'arbitrage de la wilaya qui procédera prochainement aux répartitions dans le cadre des PSD (projets sectoriels de développement).