A l'initiative d'Interpol et de la FIFA, un atelier régional sur «La lutte contre le trucage de matchs et la corruption dans le football» se tient à Alger depuis hier, en coordination avec la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) et avec la participation de la Fédération algérienne de football (FAF) et l'Union nord-africaine de football (UNAF). Dans son allocution d'ouverture, le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, a mis l'accent sur l'importance du thème et sur l'intégrité des compétitions qu'il faut protéger, a-t-il souligné. Il a martelé : «La corruption dans le football sera combattue par tous les moyens, grâce à des méthodes de lutte efficaces. Le phénomène a métastasé, c'est dire combien sera longue et difficile l'œuvre d'éradication.» Il a ensuite insisté sur «l'éthique et l'indépendance des personnes qui font partie de cette commission d'éthique». Il a rappelé que c'est Hamid Hadadj qui préside cette commission en Algérie, «un homme compétent, élu par des membres de la FIFA au sein de la commission juridictionnelle de discipline». De son côté, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, a indiqué que «la corruption dans le football est transnationale et ne se circonscrit pas à un pays. Elle reste difficile à cerner car elle a pris des formes multiples. L'Algérie l'a toujours combattue. A l'avenir, nous allons disposer de beaucoup plus de moyens pour le faire, notamment à la faveur de la promulgation de la nouvelle loi sur le sport adoptée en juillet 2013, qui criminalise ce délit et permet la poursuite des auteurs de ce crime qu'est la corruption». Le ministre a mis l'accent sur le facteur temps, qui pourrait être long, pour venir à bout de ce phénomène qui s'adapte aux situations et changements qui interviennent régulièrement dans la sphère du ballon rond et, plus particulièrement, dans les actions menées pour venir à bout de ce mal qui ronge le football. Dans son intervention, le directeur de la DGSN, le général-major Hamel, a mis l'accent sur l'importance de ce rendez-vous et ses enjeux sur l'avenir du football. «L'Etat algérien combat la corruption dans tous les domaines et sous toutes ses formes. Ce phénomène, qui ternit l'image du football, ses valeurs et, par-delà, tout ce qu'il représente pour la jeunesse, doit être inlassablement combattu comme nous le faisons et le font les instances internationales du football et plus particulièrement grâce à l'aide et la précieuse contribution d'Interpol. La DGSN ne ménage aucun effort pour soutenir et accompagner le MJS dans ses missions de développement de ses activités sportives orientées, prioritairement, vers la jeunesse. Nous avons mis nos installations et infrastructures à disposition du MJS et du sport. Dans le cadre de la lutte contre la corruption et le trucage des matchs de football, notre pays peut s'enorgueillir de disposer d'une loi (celle de juillet 2013) sur le sport, qui contient un certain nombre d'articles qui permettent de combattre efficacement ce fléau», a précisé le patron de la DGSN qui, à l'occasion, a remis des présents aux hôtes de l'Algérie. Ralf Mutschke, directeur du département de la sûreté à la FIFA, a mis en exergue les efforts que déploie son institution pour combattre la corruption et le trucage des matchs de football, en collaboration avec Interpol. Les deux parties ont signé un accord de partenariat de 10 ans pour lutter contre ce phénomène et ont arrêté les grands axes de ce programme, qui repose d'abord sur la prévention et la formation. Dan son intervention, il a révélé qu'«il existe environ 200 possibilités de truquer un match de football. Cela va de la couleur (jaune, rouge) d'un carton infligé à un corner imaginaire… et bien d'autres choses». John Abbot (chairman intégrité dans le sport - FIFA) s'est lancé dans une description succincte de la corruption dans le football et ses ramifications. Il a mis l'accent sur «la difficulté à traquer les coupables en raison de l'évolution des techniques mises en place par ceux qui font tourner cette industrie. Jusqu'à présent, plus de 70 pays dans le monde ont entrepris des investigations pour appréhender les matchs arrangés. C'est un combat de tous les instants. Les tricheurs s'adaptent à toutes les situations grâce au progrès technologique. Le téléphone, fax, internet… sont des outils qui facilitent la corruption. La meilleure preuve est fournie par l'existence de paris clandestins qui ont des ramifications planétaires. Nous ne parlons plus de corruption, mais de crime organisé qui nécessite la conjugaison des efforts de toutes les parties concernées par ce fléau, à savoir les fédérations, la FIFA, la police, la justice, les acteurs du football (joueurs, arbitres, techniciens, dirigeants, supporters), les médias…» «Cela ne peut se faire sans une coordination générale», a conclu John Abbot. C'est l'objectif du rendez-vous d'Alger au cours duquel les acteurs principaux du football des cinq pays présents s'attelleront à mettre en place pour lutter efficacement contre la corruption et le trucage des matchs de football. L'atelier va se poursuivre aujourd'hui en plénière à huis clos. Trois axes seront au menu de la dernière journée : la bonne gouvernance, comment Interpol peut contribuer à la lutte contre le trucage de matchs et enfin les bonnes pratiques.