Super Rail Band de Bamako est le groupe malien le plus connu au monde. Tamanrasset De notre envoyé spécial Ils ne sont jamais venus en Algérie. C'est curieux, mais c'est pourtant vrai. Le mythique groupe Super Rail Band de Bamako s'est produit, la semaine écoulée, au campement Tedsi, à 8 km au nord de Tamanrasset, en clôture du 4e Festival international des arts de l'Ahaggar. Un concert où le groupe musical malien a montré tout son savoir-faire, perfectionné pendant plus de 42 ans de carrière et de tournées. Super Rail Band de Bamako, qui est né dans un café à côté de la gare de la capitale du Mali, a accompagné, à ses débuts, des artistes de renom comme Salif Keita, Mory Kanté, Oumou Sangaré et Djelimay Tounkara... Super Rail Band de Bamako s'est produit sur toutes les scènes du monde. Aux Etats-Unis et au Canada, le groupe a animé une cinquantaine de concerts. Il a également fait des tournées au Japon et en Australie. Bientôt, il sera en tournée en Belgique, aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. «Au Mali, nous avons arrêté nos concerts à cause de l'état d'urgence. Bamako ressemblait à une ville morte. Le Mali est en pleine traversée du désert avec le problème des rebelles au Nord. Le problème commence à être réglé. La vie reprend ses droits», a souligné Bamba Dembelé, leader du groupe. Il s'est rappelé de sa première rencontre avec Oumou Sangaré, en 1985, et de la tournée faite à l'époque en dehors du continent. «Nous sommes allés en Martinique, en Guadeloupe, en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Grande- Bretagne. Le groupe était, en fait, composé de seize musiciens, danseurs et chanteurs. Il y a le kora, le ngoné, le balafon, le tamtam, le djembé. Oumou Sangaré était avec nous. Elle était avec d'autres chanteurs», s'est-il souvenu. «Salif Keita a joué avec nous, mais il a toujours évolué en dehors de notre groupe. Nous sommes des copains. Aujourd'hui, nous avons deux jeunes chanteurs, Samba Sissoko et Mountara Diabaté, mes fils spirituels. Nous les avons bien formés pour qu'ils émergent. Après nous, il n'y aura pas le déluge !», a-t-il appuyé. Les chansons de Super Rail Band de Bamako sont interprétées en bambara et en malinké. «Nos chansons évoquent notamment la bravoure des cultivateurs et des chasseurs. Dans le passé, les chasseurs étaient de vrais guérisseurs traditionnels. Aujourd'hui, Bamako est envahie de guérisseurs béninois, nigériens et nigérians. Certains ne sont pas des vrais. On ne sait pas qui fait quoi», a-t-il regretté. Pour Bamba Dembelé, Super Rail Band de Bamako joue le rock and roll de la Savane. «J'adore Manu Dibango. Nous avons beaucoup joué ensemble, en fusion, dans plusieurs festivals. Nous ne jouons pas le makossa. Nous avons laissé cette musique aux Camerounais. L'afrobeat est une bonne musique. Nous avons fait des scènes avec Fela. Nous voulons faire des choses avec les artistes algériens. Je sais que ça viendra», a-t-il noté. Il a regretté la stagnation de la musique africaine actuellement. L'évolution de la technologie a, selon lui, desservi l'industrie du disque. «Le piratage nous ronge. C'est cela le mal africain. Les gouvernements doivent mettre la main dans la main pour combattre ce fléau», a-t-il souhaité. Bamba Dembelé, secrétaire général de l'Association des artistes du Mali, a évoqué toutes les actions menées pour lutter contre le piratage. «Nous avons tout fait, des descentes dans le marché, brûlé des CD piratés, mais c'est l'action gouvernementale qui compte le plus. Un seul pays ne peut pas faire grand-chose. Il faut une action concertée», a-t-il plaidé. Bamba Dembelé a également collaboré avec le groupe Tinariwen du Nord Mali. «On connaît bien les Touareg. Personne n'est méchant. Il suffit de mettre chacun à sa place. Le Mali est indivisible», a-t-il insisté. Parlant des relations entre l'Algérie et le Mali, il est remonté jusqu'à la période des présidents Ben Bella et Keita qui furent «parmi les pionniers des indépendances africaines». «Il faut qu'on renforce la coopération Sud-Sud», a-t-il souhaité.