Ziad Bouzid a été tué à bout portant dans sa voiture avec un fusil à pompe. La police de Montréal parle d'un crime gratuit sans mobile. Le tueur a été arrêté. La communauté algérienne de Montréal s'est réveillée sur la triste nouvelle de l'assassinat de l'un des siens, Ziad Bouzid, chauffeur de taxi, tué par des inconnus pendant son travail dans la nuit du 19 au 20 novembre. Un des suspects a été arrêté, jeudi, dans la banlieue sud de Montréal. Présenté devant la justice vendredi, le tueur a été formellement accusé de meurtre «non prémédité». «Pour le moment, rien ne nous permet de croire que ce serait un crime haineux (raciste, ndlr)», affirme une porte-parole du service de police de la ville de Montréal. Il faudra donc attendre le procès. L'accusé reviendra devant la cour le 23 janvier prochain. Il est toujours détenu. Marié et père de trois enfants (une fille et deux garçons), âgés de 6 à 18 ans, Ziad Bouzid, 45 ans, est originaire d'Alger (Belouizdad). Il est de père algérien et de mère tunisienne. Ingénieur en mécanique de l'université des sciences et de la technologie Houari Boumediène, il a travaillé à la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) en Algérie. Ziad Bouzid a émigré au Canada (Québec) en 2002. La non-reconnaissance des diplômes et de l'expérience algérienne ainsi que les difficultés d'accès aux postes de travail de bonne qualité le rabattent sur le métier de chauffeur de taxi, métier qu'il a exercé à partir de 2008. «Dites aux Algériens qui croient que c'est le paradis ici, que les seules opportunités qui les attendent, malgré leurs hauts diplômes et leur éducation, sont chauffeurs de taxi pour eux et éducatrice dans les garderies pour leurs femmes», nous affirme, sous l'émotion, Mohamed, un de ses voisins et ami. Habitant une cité modeste à Pierrefonds, un quartier du nord-ouest de Montréal, Ziad devait travailler parfois 14 heures par jour pour subvenir aux besoins de sa famille. Sa femme a réussi à trouver un travail à temps partiel pour garder, à l'école, les élèves pendant les pauses de midi. Nous sommes loin des fantasmes véhiculés par la défunte émission de l'ENTV «Sans Visa». Ses amis se rappellent que le jour du match Algérie-Burkina Faso, Ziad Bouzid ne voulait pas voir la deuxième mi-temps, car il était déçu de la prestation des Verts et ne voulait pas voir l'Algérie perdre. Le soir même il était assassiné. Il ne pourra plus participer aux parties de football entre amis ou emmener son fils jouer. Très attaché à ses enfants, il venait tout juste de leur acheter des tablettes et des smartphones. La dépouille de Ziad Bouzid est arrivée en Algérie hier, accompagnée par sa femme et se trois enfants. Les frais de transport ont été pris en charge par le consulat d'Algérie à Montréal et Air Algérie. Ses collègues ainsi que les Algériens du Canada ont mis en place plusieurs collectes de fonds pour venir en aide à sa famille.