La capitale de l'Est s'est réveillée, tôt hier matin, à 7h 55 exactement sur une double déflagration. Deux bombes de fabrication artisanale ont explosé à quelques secondes d'intervalle au rond-point de la cité Daksi, juste en face de l'accès à la clinique rénale (EHS). Peur et panique ont alors fait courir dans tous les sens les citoyens et les habitants des quartiers alentour, d'autant que l'endroit est un passage important et obligé pour tout l'est de la ville et par où transitent quotidiennement beaucoup de personnes et de véhicules, qui se rendant au boulot, qui rejoignant l'école. Les forces de sécurité ont, en moins d'un quart d'heure après cet attentat, quadrillé et complètement encerclé le lieu. La police scientifique, la brigade scientifique et technique de la Gendarmerie nationale, l'ANP, ainsi que les agents de la Protection civile se sont attelés à fouiller minutieusement, trois heures durant, les parages et à récolter les moindres indices, notamment des fragments de l'engin qui a explosé. L'impact de la déflagration était important, particulièrement la première, du fait que la seconde, de moindre intensité, n'était due qu'à l'explosion du détonateur. Le commandant de la 5 Région militaire, le chef de sûreté de wilaya, le wali et le P/APW étaient également présents pour superviser les opérations. On dénombre sur place, une heure après cet attentat, quatre victimes, dont un agent de police décédé, qui se trouvait sur le lieu même, près d'une guérite, deux autres citoyens ont été légèrement blessés ainsi qu'une infirmière qui était à l'intérieur de la clinique et qui a été tailladée assez sérieusement par les éclats de vitres suite à la forte puissance de la déflagration. Touché sur plusieurs parties du corps et plus gravement au cou, l'agent de police a succombé une heure et demie plus tard après son admission au bloc opératoire du Chu Benbadis de Constantine. La victime, Abdelalli Daâr, âgé de 35 ans, était mariée depuis une année seulement et père d'une fillette. Les deux bombes, selon les premières constatations, ont été actionnées à distance au moyen d'un téléphone portable, les restes de cet appareil ont d'ailleurs été retrouvés à une vingtaine de mètres de l'endroit, selon une source proche des enquêteurs. L'explosion de la bombe a fait sauter une bonne partie d'une bordure en béton du jet d'eau qui fait office de rond-point. Les éléments de police judiciaire, qui étaient en train de glaner un peu partout des informations, ont pu arrêter sur les lieux quatre individus, dont, dit-on, une femme. Par ailleurs, au moment où les services de l'APC sont entrés en action pour procéder au déblaiement du lieu du drame, une course poursuite a été engagée par une vingtaine de policiers pour rattraper un véhicule de type Golf à bord duquel se trouvaient trois personnes. Il a été intercepté quelques centaines de mètres plus loin. Nous apprenons également de sources proches de l'enquête que deux autres véhicules suspects auraient été arrêtés. A 11h10, en fin de matinée, le rond-point a été enfin rouvert à la circulation. En milieu d'après-midi, des alertes à la bombe ont été signalées aux quatre coins de la ville, notamment à l'université Mentouri où un vent de panique, suite à une fausse alerte à l'intérieur du restaurant, a causé une ruée qui a occasionné des blessures à une trentaine d'étudiants, dont au moins vingt filles qui ont été conduites aux urgences de l'hôpital pour recevoir des soins. En tout état de cause, les rumeurs les plus folles continuent à circuler dans la ville.