Le colonialisme est un crime contre l'humanité » est le thème du troisième séminaire national sur la pensée de Frantz Fanon, qui s'est ouvert, hier, au centre universitaire d'EI Tarf. Rappelons, car c'est un fait que beaucoup d'Algériens ignorent encore, que Frantz Fanon est inhumé en terre algérienne dans la circonscription de Bou Hadjar depuis 1961 et, depuis 1965, dans le carré des martyrs de Aïn Karma, sur les hauteurs de la wilaya. La direction de la culture de cette wilaya a relevé le défi d'organiser la troisième édition du genre. « Des rencontres nationales qui sont en passe de s'inscrire dans la durée et la régularité, comme celles sur cheikh Abdelhamid Ben Badis à Constantine ou sur l'Emir Abdelkader à Mascara », dira le président de la République dans son message lu à l'ouverture des travaux par Abdelkader Djaghloul, sociologue, conseiller à la Présidence. Jacques Vergès, lui faisant suite, va démontrer que l'essence du colonialisme et du fascisme est intimement liée à cette idée, toujours en vogue, de « la supériorité de l'homme blanc, le civilisateur ». Un état d'esprit qui a trouvé ses défenseurs parmi ce qu'on a considéré comme de grands savants ou humanistes comme Darwin, Tocqueville, Napoléon, Jules Ferry ou encore Léon Blum... qui ont tous justifié d'une manière ou d'une autre l'asservissement, quand ce n'est pas l'élimination des « sauvages ». Le célèbre avocat a ensuite démonté les mécanismes du colonialisme en Algérie pour le mettre à nu. « Le colonialisme a commencé par chercher à supprimer physiquement les Arabes par un génocide, à l'image des Tasmaniens, une race totalement décimée par les colons anglais entre 1820 et 1870. La dernière représentante de cette ethnie a été empaillée comme un animal et placée dans un musée. Impuissants à mener cette action à terme, ajoute le conférencier, ce n'était pas des bavures de soudards, mais bien un crime d'Etat », les colonialistes ont entrepris de supprimer les Algériens par la dépersonnalisation et la déculturation, de les formater à leur image, comme on dirait aujourd'hui. Maître Amar Bentoumi sera le troisième intervenant. Il va s'atteler à démontrer avec force de témoignages vivants que le colonialisme est à la fois crime d'agression, génocide et crime contre l'humanité. Il reprendra un à un les grands massacres perpétrés par les colonialistes jusqu'à la Bataille d'Alger qui n'a rien d'une bataille, insiste l'orateur, puisque face à une armée moderne, suréquipée et organisée, il y avait des résistants à mains nues. Il précisera à l'endroit de Massu, Bigeart et autres Aussaresses que les accords d'Evian, qui amnistient les bourreaux, sont bilatéraux, ils restent un crime contre l'humanité si l'on s'en tient aux principes énoncés par les textes internationaux. Mohamed El Korso, historien, président de la fondation du 8 Mai 1945, se concentre, lui, sur « la loi de la honte », le texte français voté en février 2005 et qui consacre les bienfaits de la colonisation.