Entre les jeux de Sydney et ceux d'Athènes, soit un cycle olympique, le sport national a connu une nette régression qu'il serait malhonnête de mettre sur le registre de la seule contre-performance sportive. Les athlètes algériens présents en terre hellénique n'étaient pas animés de mauvaise volonté, loin s'en faut. Ils étaient tout simplement loin du niveau exigé pour pareille compétition. Cela nous mène directement à la préparation d'avant-jeux, à l'encadrement sportif censé veiller au grain, aux structures mises en place et enfin au rôle du comité olympique dont la mission première est de présenter une sélection à même de valoir des satisfactions. Soit un certain nombre de garanties qui ont fait grandement défaut à Athènes. Partie avec l'objectif d'un minimum de cinq médailles, la délégation nationale est rentrée au pays bredouille, au grand dam des Algériens qui regrettent déjà les performances réalisées à Atlanta, à Sydney ou à Barcelone. A défaut de faire mieux, le sport national a fait pire pour la simple raison que les critères de sélection ont fait référence aux minima au moment où il fallait dépasser cette vision de gagne-petit. Ainsi, plusieurs athlètes se sont retrouvés en plein Jeux olympiques, aux côtés de chevronnés, en train de préparer les Jeux... arabes qui se dérouleront chez nous dans une quinzaine de jours. Une mission qui ne tient pas du tout la route car l'on ne part pas à une compétition d'un aussi haut niveau comme si l'on allait à un stage de préparation. L'amalgame ainsi fait, il ne fallait plus s'attendre à grand-chose. Par contre, cette manière de faire et ses effets secondaires, qui apparemment n'ont pas été mesurés, ont beaucoup plus desservi les athlètes dont la plupart ont été humiliés. Une erreur de parcours qui risque d'engendrer une démobilisation, sportifs et public, à la veille du rendez-vous d'Alger. La délégation algérienne forte d'une soixantaine de personnes, un chiffre que l'on voulait mettre en avant pour prouver les efforts faits dans le développement sportif par rapport à notre première participation, il y a de cela quarante ans, n'était en fait que du tape-à-l'œil mais aussi un retour à l'improvisation, car ce n'est pas forcément avec une forte délégation que l'on peut réussir une compétition de cette trempe. L'assainissement des fédérations C'était un retour direct vers une participation pour une participation que l'on croyait bannie. Apparemment, les mauvais réflexes ont encore de beaux jours, sinon comment expliquer qu'aucune fédération sportive, première concernée, n'a cru utile de faire l'impasse sur les Jeux d'Athènes pour cause de mauvaise préparation ou de manque de niveau requis pour ce genre de rendez-vous. L'empressement de faire partie de la délégation a réduit certains athlètes à faire de la simple figuration. Après cette humiliation, puisqu'il faut l'appeler ainsi, il ne faut pas s'attendre, aujourd'hui, à ce que ces mêmes fédérations fassent leur mea culpa. Bien au contraire, à la veille du renouvellement des structures sportives, plusieurs responsables de fédération, pour certains en place depuis fort longtemps, font dans la gesticulation et se préparent à la bataille des élections. Ce comportement est outrageant, et comme chez nous la culture de la démission après un échec n'est pas dans les mœurs, c'est toute honte bue que ces mêmes responsables ont l'intention de se porter candidat. C'est dans ce volet que l'intervention des pouvoirs publics est importante afin de ne pas cultiver la politique de l'oubli et éviter de refaire les mêmes erreurs. Le ministère de tutelle doit veiller, aujourd'hui plus que jamais, à ce que les fédérations sportives puissent jouir d'un souffle nouveau à même d'insuffler une autre mentalité à la discipline, aux athlètes. Il serait inconcevable de retrouver les mêmes têtes qui ont déçu des millions d'Algériens par la faute d'un travail basé sur la gabegie et l'anachronisme. La déception a été nationale, alors les décisions à prendre doivent être à la hauteur des attentes des sportifs qui n'ont que trop supporté les errements de leurs responsables. Il serait judicieux de revoir certaines lois concernant justement le renouvellement des structures, d'introduire des critères et surtout mettre des garde-fous à même de préserver nos structures sportives qui, par certains endroits, prennent des allures de chasse gardée. La nouvelle réforme sportive qui se base sur le développement du sport dans toute sa composante s'est fixé les objectifs de promouvoir et d'émanciper l'Algérien, surtout lorsque l'on sait que le développement d'une nation se mesure aussi par son niveau sportif. Or, pour concrétiser ces nobles objectifs, il serait hasardeux de laisser ce travail à des structures sportives, voire à des responsables, qui n'ont jamais su mener à terme les différentes réformes sportives. La débâcle enregistrée à Athènes est venue, peut-être, à point nommé pour secouer des structures sportives qui n'ont que trop bloqué le processus du développement. Le carriérisme et les rentiers, deux vocables qui doivent être effacés de l'environnement.