Il y a de cela quelques années, la défaite de l'équipe algérienne, enregistrée en terre cairote dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2002, avait entraîné, à la porte de sortie, le bureau fédéral de la fédération de football, à sa tête Omar Kezzal. Qu'en sera-t-il aujourd'hui avec cette humiliation, une de trop devrions-nous dire, concédée dans la soirée de dimanche dernier face à la formation du Gabon ? Une interrogation à laquelle devra répondre l'actuel patron de l'instance fédérale qui doit reconnaître que la politique engagée jusque-là a abouti à un cauchemar que les Algériens ne sont pas près d'oublier. Ce qui devait être une soirée footballistique, avec comme objectif la réconciliation du football avec ses millions de supporters, a été une véritable déroute qui a fait beaucoup de mal. Le football, cette locomotive du sport, vient de confirmer que la machine sportive est mal huilée. La lourde défaite face au Gabon a démontré, on ne peut mieux, que le sport roi se porte mal et le cauchemar de Annaba n'est en fait qu'une suite logique d'échecs du sport national après la piètre prestation enregistrée en terre hellénique lors des Jeux olympiques d'Athènes. Aujourd'hui, s'il ne s'agit pas de tirer sur les ambulances, la décence voudrait que les responsables de cette déroute fassent le bilan de leur démarche engagée depuis maintenant plusieurs années et tirent les conclusions qui s'imposent en pareille situation. Si la défaite sur le terrain est du ressort des joueurs et de leur staff technique, il n'en est pas moins vrai que le gâchis dans son ensemble est à mettre à l'actif des structures qui n'ont eu de cesse de se gargariser avec des slogans de renouveau, de restructuration, de développement et de formation. De la poudre aux yeux pour cacher les véritables anachronismes qui ont totalement dévalorisé la discipline au point où nos différents championnats n'ont connu que régression, violences, gabegie, corruption, emportant sur leur passage des milliards de dinars qui n'ont servi en fin de compte qu'à entretenir un football qui a pris l'allure d'un interquartiers où il fallait plaire à la galerie. Il est vrai aussi que la situation ne date pas d'aujourd'hui comme il serait malhonnête de jeter l'anathème sur les seuls responsables actuels. Le sport en général, le football en particulier, connaît un grand passage à vide que ni les réformes, ni les refontes, ni les assises n'ont pu redresser. Activant dans un milieu social tout aussi défavorable à un quelconque épanouissement harmonieux, le sport ne pouvait échapper aux différentes instabilités qu'a connues le pays durant ces dernières années. La virtuelle élimination de l'équipe nationale de la prochaine Coupe du monde a un goût amer dans la mesure où la composante ne nous a édifiés sur aucune signe de progression. Bien au contraire, si beaucoup de moyens ont été mis à disposition, les résultats n'ont pas du tout suivi. Comme il faut souligner que tout au long de ce cour périple, de fausses promesses ont été tenues aux supporters algériens, leur promettant une chose puis tout son contraire. A Tunis, par exemple, lors de la dernière Coupe d'Afrique des nations, après la victoire face à l'Egypte, le populisme a pris le dessus sur la réalité pour affirmer que nous venions de gagner une équipe. Puis, toute honte bue, on nous déclare que notre football n'est pas prêt pour un mondial. En matière de dérobade, on ne fait pas mieux. Pis, au détour de la lourde défaite face au Gabon des voix se sont élevées sur le direct pour tenir un discours moralisateur qui n'a fait qu'agacer les nombreux téléspectateurs qui retenaient mal leur amertume pour affirmer que l'heure n'est pas au constat mais aux propositions concrètes. D'abord, il existe des gens qui sont royalement payés pour le faire, ensuite il faut accorder au moins ce mérite aux Algériens qui ont de tout temps soutenu que le football a perdu sa base, qu'il fallait investir dans les jeunes et surtout revoir ces textes qui ont permis aux intrus d'accaparer la discipline comme ils l'ont fait jusqu'à présent. Jetons un coup d'œil sur nos voisins pour constater les progrès réalisés après un creux de vague mis à profit pour rebâtir sur de bonnes bases. Copions s'il le faut pour sauver notre sport, il n'y a aucune honte. Echec au roi football qui vient de perdre sa couronne par la faute d'une soldatesque qui n'a pas su veiller au grain.