La planète entière est en deuil. L'icône de l'humanité, Nelson Mandela, nous a quittés jeudi soir. Même si sa mort était attendue, l'annonce de la nouvelle a été reçue comme un électrochoc. Madiba, comme l'appelle affectueusement son peuple, avait tout pour être aimé, adulé, respecté. Il était l'homme que chacun rêve d'être. Son combat pour la liberté et contre le racisme l'a distingué. Adepte du mahatma Ghandi, il a réussi, par sa détermination et son abnégation, à mettre fin à l'apartheid et à créer l'espoir pour une Afrique du Sud juste et multiraciale. A la veille de l'indépendance de l'Algérie, il avait visité des camps de l'ALN au Maroc, ce qui lui a valu son arrestation dès son retour en Afrique du Sud et un emprisonnement de 27 ans après un long procès. «Papa, vous allez nous manquer», a déclaré l'ancien président sud-africain Frederik de Klerk, qui a pourtant été son adversaire mais avec lequel il avait fini par faire la paix. Un tel hommage, venant d'un homme qui avait défendu à une époque le système ségrégationniste sud-africain, résume à lui seul la grandeur de Mandela, sans doute le géant des géants du siècle dernier. Il a donné des leçons à tout le monde. Et d'abord aux Blancs de son pays, auxquels il a pardonné et a fait pardonner par l'autre composante de l'Afrique du Sud, la population noire. Il a démantelé l'apartheid mais n'a animé aucun esprit de revanche à l'égard de la minorité afrikaner, ce qui a évité au pays un exode désastreux. Les Blancs ont fini par l'adopter et accepter son autorité, surtout depuis ce jour où il est descendu sur le terrain, lors d'un match de rugby, pour prendre une photo-souvenir avec les Springboks, alors qu'il n'y avait qu'un seul rugbyman noir parmi l'équipe. Nelson Mandela a surtout donné une leçon aux dirigeants africains qui s'accrochent au pouvoir jusqu'à la mort, laissant derrière eux désolation, guerre civile et instabilité chronique. Il a, en effet, quitté la présidence de la République après seulement un mandat de cinq ans. Malheureusement, son exemple a fait très peu d'adeptes, les dirigeants africains préférant être «Mugabe et pas Mandela», pour paraphraser un ancien ministre algérien. «Une grande lumière s'est éteinte dans le monde», a souligné un chef d'Etat étranger. Jamais homme n'a reçu tant d'hommages à l'annonce de sa mort. D'Est en Ouest, du Nord au Sud, il est pleuré. Mandela a marqué de son empreinte, et pour toujours, l'histoire de l'humanité.