Création d'une force africaine d'intervention rapide, doubler d'ici cinq ans les échanges commerciaux entre la France et le continent africain et former une alliance pour réussir la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en 2015, telles sont les principales décisions prises par les 53 présidents et chefs de gouvernement qui ont participé, vendredi et samedi, au Sommet de l'Elysée dédié à la paix et à la sécurité en Afrique, sous la houlette de François Hollande. Paris De notre correspondant Le Sommet de l'Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique a pris fin hier à Paris. Dans son allocution finale, François Hollande a résumé les décisions prises à l'issue des discussions auxquelles ont participé 53 présidents et chefs de gouvernement. Dans le domaine de la sécurité, le président français a répété que les Africains doivent désormais prendre en charge leur propre sécurité. Il a appelé à la création, d'ici quelques mois, d'une force d'intervention rapide sous l'égide de l'Union africaine. «Face au terrorisme, aux trafics d'armes, de drogue et d'humains, l'Afrique doit mieux s'organiser pour intervenir rapidement et avec efficacité face aux conflits et menaces qui la guettent», a expliqué M. Hollande, qui a fait savoir que son pays «est prêt former 20 000 soldats africains par an et à vendre du matériel militaire moderne». Pour financer la mise en place de cette force d'intervention, François Hollande compte beaucoup sur l'aide de l'Union européenne et sur celle des autres institutions financières internationales, ainsi que sur l'apport de l'Afrique elle-même. 20 milliards sous forme d'aide et de crédits d'ici 5 ans Concernant le chapitre économique, le président français a indiqué que son pays veut doubler ses échanges commerciaux avec le continent noir d'ici cinq ans. Il a annoncé à cette occasion qu'il va débloquer, d'ici cinq ans, 20 milliards d'euros sous forme d'aides et de crédits en faveur de son développement économique et social. En revanche, il a souhaité que les entreprises françaises renforcent leur présence sur ce continent pour rattraper le retard et gagner de nouvelles parts de marché, perdues ces dernières années à cause de la concurrence chinoise et indienne. Aussi a-t-il alors promis de tout faire pour permettre à l'Afrique d'avoir, elle aussi, accès aux marchés français et européens et d'assouplir les procédures de délivrance de visas pour les investisseurs, étudiants et artistes africains. «Pour la France, l'Afrique est un continent d'avenir et le principal moteur de la croissance mondiale avec l'Asie», a reconnu le président français dans son discours d'ouverture, vendredi dernier à l'Elysée. Et d'ajouter : «Les temps ont changé. Les rapports ne peuvent plus être comme avant. Nous devons aller vers un partenariat d'exception basé sur l'intérêt mutuel. Un partenariat gagnant-gagnant.» Amorcer une révolution écologique en Afrique S'agissant du dossier climat, François Hollande a expliqué que la France et l'Afrique ont décidé de former une alliance pour atteindre les objectifs fixés par la Conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en 2015, le premier d'entre eux étant la réduction des gaz effets de serre, la préservation de la nature ainsi que le règlement des questions liées à l'accès à l'eau potable et la lutte contre le dérèglement climatique qui menace l'Afrique et le monde. François Hollande a reconnu que de nombreux dangers guettent les pays d'Afrique, telles les difficultés qu'éprouvent les populations pour accéder à l'eau potable, la montée des eaux de la mer ainsi que la disparition de nombreuses espèces animales. Qualifiant le sommet de l'Elysée d'«exceptionnel» au vu du nombre de présidents et chefs de gouvernement présents, François Hollande a indiqué que cette rencontre s'est déroulée dans un moment exceptionnel aussi, où l'Afrique a perdu l'un de ses grands hommes, en l'occurrence Nelson Mandela, décédé jeudi dans la nuit. Il a coïncidé avec l'envoi d'une force militaire française en République centrafricaine pour protéger les populations civiles contre les exactions commises par des groupes armés. Enfin, François Hollande, au même titre que les autres présidents africains, a rendu un vibrant hommage à Mandela, en indiquant à l'ouverture de la réunion : «Aujourd'hui, c'est Nelson Mandela qui préside les travaux de ce sommet.»