Le Sommet de l'Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique s'est ouvert hier en début d'après-midi à Paris en présence d'une quarantaine de dirigeants africains, dont le Premier ministre Abdelmalek Sellal, à l'ombre de la disparition de Nelson Mandela. Paris De notre correspondante Le destin veut que l'Afrique soit réunie, ici à Paris, dans un sommet sur la paix et a sécurité, au lendemain de la mort de Nelson Mandela. C'est un symbole et, en même temps, une exigence de responsabilité», a souligné le président Hollande. Ajoutant que «Nelson Mandela, ce sera toujours la figure vers laquelle les peuples qui luttent pour leur libération et leur émancipation se tourneront». Le président français invoque ensuite «l'obligation de poursuivre le message de paix que Nelson Mandela nous a délivré». Et d'appeler à «une alliance exceptionnelle» entre l'Europe et l'Afrique. «L'Afrique ne sera libre que lorsqu'elle sera tout à fait libérée des insécurités, des guerres du sous-développement, de la pauvreté et des inégalités», a pour sa part déclaré la ministre des Affaires étrangères sud-africaine Maité Mashabane. L'assistance s'est levée au moment où résonnait la voix de Nelson Mandela, enregistrée lors de son discours de lauréat du prix Nobel de la paix. L'Afrique veut renforcer son autonomie d'action A la faveur du sommet de l'Elysée, une approche globale doit être définie par les Africains, avec le soutien de leurs partenaires, pour agir sur les causes sécuritaires mais aussi économiques des crises, des conflits et de l'instabilité et renforcer les politiques de prévention. L'Afrique entend, collectivement, renforcer son autonomie de décision et d'action. Elle a commencé au travers de plusieurs initiatives comme la création d'une capacité africaine de réaction immédiate aux crises (Caric) décidée au dernier sommet annuel de l'UA à Pretoria. C'est ainsi que la première session plénière à huis clos des chefs d'Etat et de gouvernement, hier après-midi sur la paix et la sécurité, devait être consacrée à l'examen de la mise en place de cette «force d'action rapide» et aux «menaces transversales» qui pèsent sur l'Afrique : terrorisme, piraterie, frontières poreuses ou trafic d'êtres humains ou de drogue. Cette force pourrait d'ailleurs recevoir, outre l'aide de la France, celle de l'Europe et de différents pays du monde, afin de répondre aux crises immédiatement. Un débat devait être engagé hier après-midi avec les pays volontaires qui participeraient à cette force. La France et l'Europe promettent de répondre aux besoins en matière de logistique, de formation surtout face au terrorisme, à la piraterie maritime ou la cybercriminalité... Par ailleurs, la paix et la sécurité en Afrique sont aussi considérées comme un enjeu majeur de sécurité collective pour la communauté internationale, pour des raisons humanitaires et de solidarité mais également parce que de nombreuses menaces sont devenues globales et exposent l'Afrique comme ses partenaires extérieurs. La table ronde sur le partenariat économique et le développement qui sera traitée ce matin a largement été préparée par le forum économique organisé mercredi par le ministère français de l'Economie et le Medef et la mission de cinq personnalités franco-africaines conduite par l'ancien ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine (lire El Watan de jeudi 4 décembre). Dans la perspective du sommet de décembre 2015 sur le changement climatique la France souhaite une alliance euro-africaine pour parvenir à l'adoption d'un accord universel contraignant. La question sera traitée également ce matin à la faveur de la table ronde sur le changement climatique. Le texte qui sera adopté par les chefs d'Etat et de gouvernement à l'issue du sommet «insistera sur l'importance de la sécurité pour le développement» de l'Afrique, mais aussi pour la France et les Européens. «Ce texte doit répondre à une question qui s'est présentée cette année avec les problèmes du Mali et, maintenant, de la République centrafricaine», a souligné Laurent Fabius jeudi soir à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères. Les fondements du nouveau partenariat Le sommet de l'Elysée intervient un an et demi après l'arrivée de François Hollande aux commandes de l'Etat français. Il est conçu comme une étape importante pour signifier un «nouveau partenariat» entre l'Afrique et la France sur des «bases claires et consensuelles acceptées par les parties», affirme-t-on de source diplomatique française. La France affirme qu'elle souhaite s'inscrire dans le cadre institutionnel africain. C'est une évolution majeure de la relation franco-africaine. En matière économique c'est la même philosophie. La France veut être présente à côté de l'Afrique pour l'accompagner dans son développement dans le cadre européen. Y a-t-il une doctrine Hollande ? «C'est un raccourci qui permet de décrire la manière dont le président Hollande a voulu développer les relations avec l'Afrique, fondée sur le respect de nos relations avec chacun des pays, des institutions régionales et sous-régionales avec un souci de concertation pour une relation plus efficace», affirme-t-on de même source. Au total, 53 pays africains sont représentés au sommet de Paris, seul le Zimbabwe ayant décliné l'invitation. Son président Robert Mugabe a été jugé persona non grata par Paris, tout comme cinq autres chefs d'Etat, soit parce qu'ils ont maille à partir avec la justice internationale, soit parce qu'ils ont été exclus de l'UA (Soudan, Guinée-Bissau, Centrafrique, Madagascar et Egypte). Sont également présents les dirigeants de l'Union européenne et de l'Union africaine, ainsi que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Le sommet de Paris intervient en amont du Conseil européen sur la défense la semaine prochaine, un sommet UA-UE aura lieu en avril 2014.