La délégation algérienne qui a assisté au tirage au sort de la Coupe du monde de la FIFA Brésil 2014, qui s'est déroulé vendredi à Costa Do Sauipe, dans l'Etat de Bahia, n'a pas trop avancé dans sa réflexion sur ce que l'équipe nationale peut ou ne pas faire lors du prochain Mondial. Elle était tiraillée par deux avis : d'abord celui des dirigeants qui ont trouvé que l'Algérie a tiré un bon ticket dans le groupe à priori le moins difficile. Cet avis n'était pas partagé par le sélectionneur, Vahid Halilhodzic, qui a fait la moue mais sans verser dans le catastrophisme. Discours de circonstance pour brouiller les pistes des coaches des trois autres sélections du groupe où il a carrément ouvert le parapluie pour se soustraire à ses responsabilités. Il est quand même curieux d'avoir usé jusqu'au bout la corde de la petite forme des joueurs, surtout les non compétitifs. Il s'est brusquement souvenu qu'en Coupe du monde on ne peut rien attendre de joueurs sans temps de jeu en club. La politique du résultat absolu et immédiat a ses limites. Il vient de s'en rendre compte et a pris les devants en cas de … On ne sait jamais ! Puis, en glissant la phrase suivante aux micros tendus en mixed zone : «C'est impossible d'espérer grand-chose en Coupe du monde avec des joueurs qui ne jouent pas, ou peu, et qui ne sont pas compétitifs.» C'est la voie qu'il a choisie depuis son intronisation en été 2011. Son message est clair : les Algériens doivent s'estimer heureux d'être qualifiés en Coupe du monde. Point, barre ! S'il n'était pas modeste, il aurait clamé que cet «exploit» c'est son œuvre à lui et à personne d'autre. Son compatriote, Bora Mulitinovic, qui a fait plusieurs Coupes du monde à la tête de différentes sélections de la planète, a eu la même réflexion lorsque notre confrère, Adlane Hamidechi (Al Khabar Erriadhi) l'a abordé à la sortie du centre de presse et lui a demandé son avis sur les chances de l'Algérie dans le groupe H. Le globe-trotter a débité le même discours que celui de Vahid Halilhodzic : «Que voulez-vous de plus, vous êtes en Coupe du monde. C'est déjà bien ! Ne cherchez pas trop et dites merci à Vahid, lequel, pour information, a eu mon frère comme entraîneur lorsqu'il était junior à Velaz Mostar.» Pour le coach national l'équation est simple : si les Verts franchissent le premier tour, ce sera grâce au coach et à personne d'autre ; si par contre les Verts font leurs valises au soir de la fin du premier tour, ce sera la faute aux autres. Sur ce chapitre le décor est planté. Ambiance soupe au lait par excellence. D'autres propos balancés entre le café et le dessert dans le somptueux site de Sauipe sont restés en travers des gorges. Du genre «y a de petites sélections dirigées par de grands coaches et de grandes sélections dirigées par de petits coaches». Ceux qui ont entendu ces propos sont restés bouche bée. Un témoin de la scène lâche : «C'était fort comme café !» Dans l'après-midi, et juste après le tirage au sort, le Bosnien a de nouveau manifesté son allergie pour tout ce qui présente un lien avec le passé. En parlant de la Russie, il a fait un éloge dithyrambique du sélectionneur du futur adversaire des Verts, en l'occurrence l'Italien Fabbio Cappelo. «Un grand monsieur, un super coach, un ancien éminent joueur…», disait-il. Un confrère algérien lui rappelle : «Quand il était à la tête de l'équipe d'Angleterre, son équipe a fait match nul (0-0) avec l'Algérie en Coupe du monde 2010.» Le coach Vahid n'a pas apprécié la remarque et a de suite répliqué : «Et alors ? L'Angleterre s'est qualifiée au second tour, pas l'Algérie. Pas un but marqué en trois matchs! Les Algériens sont rentrés à la maison et l'Angleterre avec Capello a poursuivi son aventure.» Il reste fidèle à sa ligne de conduite adoptée depuis le premier jour où il a posé le pied sur le sol algérien. Pour lui, le football algérien se conjugue uniquement au singulier et au présent. Autre information importante. En prévision de la Coupe du monde 2014, l'effectif ne sera pas renforcé par d'anciens joueurs, c'est-à-dire ceux dont les noms sont souvent revenus dans les colonnes de la presse. Sur ce plan, Vahid Halilhodzic n'a pas changé d'un iota sa vision : «Qui sont ces joueurs dont vous parlez beaucoup ? Où sont-ils ?» Et de balancer un ou deux noms de footballeurs qui ont fait la gloire du football algérien lorsque de «grandes nations du football» étaient contraintes d'arranger le résultat d'un match pour barrer la route du second tour à l'Algérie. Dans les prochains semaines et mois l'ambiance risque d'être morose, pour ne pas dire électrique dans le giron des Verts. La préparation à la Coupe du monde risque d'en pâtir. Le mieux, pour tout le monde, serait que la fédération et le sélectionneur évacuent le plus tôt possible l'épineuse question du prolongement ou pas du contrat de Vahid Halilhodzic.