Dimanche, une dizaine d'étudiants de Sciences politiques se sont réunis devant le siège du ministère de l'enseignement supérieur pour dénoncer leur éviction de la liste de Doctorat dans la spécialité Sécurité Régionale. Ces titulaires de Master 2 de l'Université Alger 3 remettent en cause tout le déroulement du concours, à commencer par les critères de sélection des candidats au classement affiché, en passant par ce qu'ils qualifient de manque de transparence. «Aucun candidat de notre Faculté n'a été admis au concours de cette filière. Pourtant, nous sommes les majors de nos promotions. Est-ce normal ?», s'indigne Isma. Ces étudiants dénoncent des critères de tri les mettant de facto, selon leur appréciation, hors-jeu. «Dans la formule de sélection, la note de la soutenance et celles du cursus en Master sont déterminantes. Alors que dans notre faculté on évalue sévèrement les étudiants, dans les autres facs ces notes sont gonflées. Ce qui est déjà un handicap pour nous», soutient un des contestataires. «La note de mon p-v de soutenance est raturée et le 18,5/20 que le jury m'a attribué a été revu à la baisse (17). Est-ce légal tout ça ?», s'indigne une autre. En plus des critères de sélection, ces candidats s'indignent contre ce qu'ils qualifient de manque de transparence. «L'administration n'a pas affiché le modèle de réponses à l'examen écrit, donc on ne sait pas sur quelle base on a été noté. Et elle a juste affiché la liste des reçus sans le détail de la formule de classement. Et si on se fie aux critères de tri, on aurait donc eu moins de 4/20 à l'examen écrit. C'est inconcevable pour des majors de promotion !», dénonce l'un d'eux en affirmant qu'un rêve lui a été subtilisé. Les réponses de l'administration Le professeur Abdelkader Iratni, le doyen de la faculté des Sciences Politiques et Relations Internationales de l'Université Alger 3, s'est dit indigné par les réclamations et les accusations des contestataires. «Nous n'avons rien à nous reprocher. C'est un concours national, on a donc respecté à la lettre les textes de la réglementation en vigueur», affirme-t-il. Le doyen qui se félicite d'être à la tête de la seule faculté à avoir affiché les modalités d'inscription du concours, des épreuves et des formules d'accès au concours de Doctorat, rejette les accusations de partialité. «Si on devait favoriser des étudiants au détriment d'autres, on aurait logiquement avantagé les nôtres. Or, nous voulons donner à cette faculté des dimensions nationales et même internationales», argue-t-il. Dans le détail, le Pr Iratni explique le déroulement du concours et certifie que tout a été fait dans les règles. «C'est une commission de formation constituée d'enseignants responsables des spécialités qui a préparé et suivi tout le concours. Ce sont leurs (les étudiants contestataires) enseignants. L'administration ne gère que le côté technique de la chose», affirme le doyen. S'agissant de l'affichage détaillé de la liste des lauréats, le Pr Iratni invoque le «risque zéro». «On affichera le détail une fois que la commission corrige, vérifie, recorrige et valide les résultats», instruit-il. Pour ce qui est des notes de l'examen écrit, le même responsable assure que la correction s'est déroulée dans les normes des concours nationaux, c'est-à-dire deux à trois corrections et des copies anonymes. «Les mêmes enseignants qui les ont notés durant leur cursus ont corrigé leurs copies. Quant aux notes gonflées des autres facultés, je ne peux rien affirmer». Interrogé sur la rature et le changement de note des P-V de soutenance pour certains thésards, le doyen explique qu'il s'agit juste de documents provisoires. «C'est la commission de formation qui a jugé, pour des raisons d'équité, de plafonner les notes de soutenance à 17/20. Mais certains enseignants n'ont pas eu l'information, donc ils ont noté au-dessus. La commission a rectifié la chose». Hier encore, les contestataires ont poursuivi leur mouvement. «Personne ne veut prendre la responsabilité dans cette affaire. Le ministère de l'Enseignement supérieur nous envoie vers le vice-recteur de l'Université Alger 3, et ce dernier nous dirige lui vers le ministère. Aujourd'hui, on est toujours devant le siège de MESRS et nos seuls interlocuteurs sont les policiers», déplore une étudiante.