Le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, se trouve à Alger depuis hier à la tête d'une importante délégation de membres de son cabinet et de chefs d'entreprises françaises représentant des secteurs économiques et industriels variés. Les deux Premiers ministres, A. Sellal et J.-M. Ayrault, présideront aujourd'hui la première réunion bilatérale du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN). L'arrivée du président François Hollande avait suscité de grands espoirs en Algérie eu égard à ses positions plus respectueuses du combat libérateur de l'Algérie et à sa vision novatrice de la coopération bilatérale, qu'il veut décomplexée et tournée vers l'avenir. Sa première visite officielle dans le monde arabe, il l'avait consacrée à l'Algérie où il s'était rendu quelques mois plus tôt, peu avant la déclaration de sa candidature à l'élection présidentielle. Un geste politique hautement symbolique appréciée par Alger. L'ancien secrétaire du PS a su séduire les cœurs des Algériens meurtris par un passé colonial que la France a toujours refusé d'assumer dans toute son horreur en cassant le tabou d'honorer, à quelques encablures de la présidentielle, sur les bords de la Seine, la mémoire oubliée, mutilée, des victimes algériennes du 17 Octobre 1961 que la classe politique française, de gauche comme de droite, a versé au registre des faits divers. Contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui a commencé et terminé son mandat avec une brouille constante avec l'Algérie culminant avec la loi du 27 février glorifiant le passé colonial de la France en Algérie, François Hollande a entamé son mandat avec des préjugés plutôt favorables envers l'Algérie. Une année s'est écoulée depuis la signature de la Déclaration d'Alger, le 19 décembre 2012. Quel bilan ? Objectivement, les retombées du changement de majorité en France sur les relations entre les deux pays restent encore au niveau des déclarations politiques. Il n'y a pas eu, depuis l'arrivée de Hollande aux affaires, le déclic attendu en Algérie sur la relance de la coopération économique, technique et scientifique, sur la politique de l'immigration et de la circulation des personnes ainsi que sur d'autres dossiers en suspens. Beaucoup de déclarations d'intention, mais très peu de réalisations. Pourtant, l'écueil de la revendication mémorielle ne semble plus être un frein au réchauffement des relations entre les deux pays ! Le lobby anti-algérien nostalgique de l'Algérie française, les réseaux français pro-marocains ont pesé sans doute de tout leur poids pour entraver la dynamique de réchauffement des relations algéro-françaises engagée sous l'impulsion de François Hollande. Maigre consolation : le projet de construction automobile Renault dont la réception est prévue pour 2014 est loin de refléter les ambitions nouvelles de la coopération bilatérale sous l'ère de François Hollande. Le président français et l'Exécutif Ayrault, qui se trouvent au plus mal dans les sondages du fait d'une politique de gouvernement qui ne suscite pas l'adhésion des Français parce que mal comprise ou inappropriée, ont-ils pris conscience que le salut de la France, qui traverse une grave crise de croissance, passe par le redéploiement à l'international en renforçant sa présence économique à travers un partenariat d'un type nouveau, gagnant-gagnant, dans des pays en friche, comme l'Algérie, qui recèlent d'immenses potentialités ?