Rien n'explique la pondération pesante entourant la réforme des structures de l'Etat. Le ministre délégué aux Collectivités locales, Daho Ould Kablia, toujours prompte à faire de croustillantes déclarations, fait peser, cette fois-ci, le doute sur « l'opportunité de sa présentation ». Ce projet, tant de fois annoncé, n'a pas connu une véritable concrétisation sur le terrain. Sans doute, la décantation n'est-elle pas pour demain. N'étant guère dans le secret des dieux, les codes communal et wilayal s'orientent, s'apaise-t-on, vers une décentralisation accentuée dans la gestion des affaires locales. Toutefois, les quelques florilèges fournis par le ministre ne permettent pas de trop y croire. Ainsi, le président de l'assemblée communale ne sera pas « intronisé » parmi le groupe majoritaire mais par la « totalité de l'assemblée ». Cette dernière trouvaille nous instruit sur le fait que les plus hautes instances de l'Etat projettent sur les organes décentralisés ou ce qui l'en reste, la manière avec laquelle sont gérées les affaires au sommet de l'Etat. S'y ajoute le fait que l'ossature institutionnelle sera remodelée. La capitale et certaines « grandes villes » seront, pour cela, touchées par des réaménagements. Celle-ci n'en finit pas, s'écrieront certains, de subir des réformes. Elle en a connu pas moins de trois, sans qu'elle ne soit aucunement probante. Preuve : les circonscriptions administratives, au lieu d'apporter un plus de démocratie, alourdissent davantage la machine bureaucratique. Le droit administratif, qui reste un corpus juridique mouvant et échappant aux canons que s'ingénient à lui imposer les assemblées élues, gagnerait à être clarifié davantage. L'« inflation » dont ont parlé certains auteurs de droit administratif est une donnée avérée. La réglementation prend le dessus sur la loi. Des dispositions entières des codes sont devenues caduques. Le contexte qui a vu leur promulgation a changé. Suivant cela, des élus locaux, sentant leur prérogatives s'effilocher davantage, ne manquent pas à l'occasion pour tirer la sonnette d'alarme. Saurait-on faire cette fois-ci la mue qui s'impose, lorsque l'on sait que les démembrements de l'Etat contribuent à une véritable démocratie ?