A La salle El Mouggar. Samedi 21 décembre, 15h. On ne mesure pas l'importance de cette projection. Laquelle ? Celle du samedi 21 décembre, à 15h, dans l'enceinte de la salle El Mouggar, et qui verra la présence de Lam Lê, trop rare cinéaste vietnamien, auteur d'un magnifique film, Poussière d'empire. Nous étions en 1983. Toujours la région du Vietnam. Toujours cette histoire qui explose en mille morceaux. 30 ans plus tard, la situation est propice à regarder dans le rétroviseur de l'histoire. Laissons le réalisateur nous présenter le film : «J'ai su qu'il était temps que je m'attelle à ce film. [...] Je voulais raconter cette histoire, mais en y mettant ma subjectivité et avec ma vision de Viêtnamien. En la revendiquant même. In fine, Cong Binh, la longue nuit indochinoise n'est pas juste un documentaire de plus, mais un film de cinéma comme mes autres films de fiction.» De quoi parle- t-il ? De milliers d'hommes de la région, quittant leurs terres pour aller travailler en France. Lam Lê : «Dans leur pays d'origine, ils étaient connus comme des Lin Tho, étymologiquement soldat-ouvrier. C'était un terme péjoratif qui sous-entendait «Collaborateurs de l'armée française». [...] Ces malheureux ont été les oubliés de l'histoire en France, certes, mais aussi au Viêtnam qui les a considérés depuis toujours comme des traîtres, alors que la France leur avait volé leur jeunesse... Dans les campagnes, ils étaient enrôlés de force, ils ne savaient souvent pas lire, ne savaient pas ce qui les attendait. Les familles étaient contraintes de donner au moins un fils.» Cong Binh est une œuvre somptueuse où la méticulosité du récit devient l'ombre de l'oubli. A voir d'urgence. A la salle El Mougar.