Une vingtaine d'œuvres cinématographiques, défendant diverses causes politiques ou sociales de plusieurs pays, sont entrés en compétition à la faveur du 4e Festival international du cinéma d'Alger (Fica) qui a été inauguré jeudi et se poursuivra jusqu'au 26 décembre. Huit longs-métrages de fiction et onze films documentaires, de pays comme l'Afrique du Sud, la Palestine, le Vietnam, le Sénégal, les Etats-Unis d'Amérique, le France, la Grèce ou la Serbie se disputeront le Grand prix du Fica à la salle El Mouggar. Le système de l'apartheid, la condition des Palestiniens, la cause sahraouie, l'enrôlement forcé de Vietnamiens par l'armée française, la difficulté d'accès à l'éducation, la condition des femmes dans différents milieux sociaux seront autant de causes portées à l'écran par les réalisateurs participants. Pour cette édition, le cinéma algérien sera très faiblement représenté avec la sélection d'une seule œuvre dans la catégorie documentaire, "Le martyre des sept moines de Tibhirine" de Malik Ait Aoudia, un reportage pour la télévision déjà largement diffusé. Avec "Ombeline", fiction du réalisateur français Stéphane Cazès, portant à l'écran la condition des mères détenues et des enfants nés en milieu carcéral, qui a été présenté jeudi aux cinéphiles algérois. Projeté en ouverture du 4ème Festival international du cinéma d'Alger (Fica),"Ombeline" relate le parcours d'une jeune détenue qui met au monde son enfant, l'élève en prison et lutte pour le garder le plus longtemps possible auprès d'elle. D'une durée de 95 min ce film met en avant les bouleversements qu'opère la naissance de Lucas sur la vie, le comportement et la personnalité de sa mère, Ombeline, à qui la loi n'accorde que 18 mois avant de placer son enfant dans une famille d'accueil. Les rapports mère-enfant sur lesquels se focalise le réalisateur deviennent un privilège en prison, la jeune mère se doit d'afficher une conduite irréprochable pour pouvoir garder le landau de son fils dans sa cellule, l'allaiter ou profiter de la nurserie. "Ombeline" dont l'idée de départ selon son réalisateur était une étude "sur l'impact de la prison sur les enfants qui y sont nés", met aussi en avant la solidarité entre les détenues. Au-delà de la mère et de l'enfant, le film propose une immersion dans le milieu carcéral et dans la lutte pour la réinsertion. Totalement inspiré de faits et de parcours réels, "Ombeline" a nécessité "plus de sept ans de documentation" au scénariste et réalisateur Stéphane Cazés qui se rendait en prison "à la rencontre de ces mères détenues pendant deux ans", après avoir "rencontré plusieurs employé du milieu carcéral et d'anciennes détenues", a-t-il déclaré. Par ailleurs, le programme du 4e Fiac propose trois projections quotidiennes à la salle El Mouggar en plus de rencontres matinales, ouvertes au public, avec les réalisateurs. "Au-delà des lignes ennemies" film sud-africain de K. Lentswe Serote, "No" du chilien Pablo Larrain, "Palestine stéréo" du Palestinien Rashid Masharawi, ou "Cong Binh, la longue nuit indochinoise" du Vietnamien Lam Lê figurent parmi les fictions en compétition. La catégorie du film documentaire, une tendance de plus en plus en vogue pour témoigner ou dénoncer tout en collant à l'actualité, met en lice des films comme "Président Dia" du Sénégalais Ousmane William Mbaye, "Ne vivons plus comme des esclaves" du Grec Yannis Youlountas ou "Sugar man" de l'Américain Malik Bendjelloul. Après l'Américain Oliver Stone et le Franco-grec Costa Gavras, deux grands noms du cinéma engagé, festival international du cinéma d'Alger rendra hommage cette année au cinéaste américain Charles Burnett réalisateur, entre autres de "Namibia", et qui a été retenu pour réaliser le film historique sur l'Emir Abdelkader. Seule nouveauté pour cette édition l'instauration d'un nouveau prix, le Grand prix du public, qui sera décerné par vote du public et qui vient s'ajouter au Grand prix du Fica et au prix spécial du jury.