C'est une nouvelle que la plupart des ménages algériens ne risquent guère d'apprécier. Une année après l'annonce en grande pompe d'une hausse possible de l'allocation devises dans le cadre d'une révision de la convertibilité du dinar au profit des ménages, la Banque d'Algérie temporise à défaut de se rétracter. Le premier responsable de l'autorité monétaire a tout de même promis jeudi, lors de son passage à l'APN, que son institution s'attellerait à travailler encore sur le dossier en 2014. Or, la hausse de l'allocation touristique aujourd'hui à 130 euros, et autres allocations devises pour soins de santé et pour études, jugés très insuffisante au regard de l'évolution des besoins, semble bien compromise. Le fait est que malgré la finalisation d'une étude de la Banque d'Algérie devant définir les critères de révision de la convertibilité courante du dinar, les autorités monétaires sont dans l'incapacité d'augmenter l'allocation devises, du moins pour le moment. La raison incombe aux pressions croissantes sur la balance des paiements qui enregistre pour la première fois depuis 10 ans un déficit. Cela ne constitue pas, selon M. Laksaci un climat propice à l'adoption d'une telle mesure. Si M. Laksaci promet un retour sur le dossier en 2014, car correspondant aux engagements internationaux de l'Algérie en tant que membre du FMI, la persistance des déficits de la balance des paiements pourrait bien compromettre définitivement la perspective de voir l'allocation touristique augmenter substantiellement.Il est cependant utile de rappeler que la hausse de l'allocation devises fait partie des mesures phares tendant à lutter contre le marché parallèle des changes, aux côtés de l'encouragement de l'ouverture de bureaux de change. A ce propos justement, les propos du gouverneur de la Banque centrale trahissent un aveu : malgré les efforts entrepris par les pouvoirs publics pour amener les opérateurs économiques vers le marché officiel des changes, à l'image de la hausse des marges de 1 à 5%, l'offre de devises alimentées en principe par les opérateurs non résidents est encore insuffisante. Autrement dit, les émigrés algériens ou les différents intervenants étrangers préfèrent encore s'orienter vers les cambistes du marché informel pour convertir leurs devises en dinars, contribuant à consolider le marché parallèle. Le marché informel, il en est question justement lorsqu'il s'agit d'évoquer l'accélération de la croissance de la monnaie fiduciaire sur le marché. Mohamed Laksaci a précisé dans ce sens que celle-ci représente l'équivalent de plus de 2000 milliards de dinars de billets de banque et de pièces de monnaie en circulation, soit 26,8% de la masse monétaire M2, transitant en majorité par le réseau d'Algérie Poste. Des chiffres qui reflètent non seulement une préférence des ménages algériens pour le cash, mais est surtout symptomatique de l'expansion des transactions informelles. Il assurera toutefois que face aux diverses pénuries enregistrées par le passé, le réseau de la Banque centrale dispose d'assez de cash pour répondre à la demande moyenne durant 90 jours. Aussi, et avec autant de billets en circulation se pose la problématique des billets de 200 DA usagés. A ce titre, le gouverneur a annoncé qu'il a été décidé du retrait définitif des billets de 200 DA, série de 1983 à partir du 31 décembre 2014. Ces billets perdront de leur valeur marchande et légale à partir de cette échéance, mais pourront toujours être remis aux banques et aux services de la Banque centrale durant un délai de 10 ans. Sur un autre registre, Mohamed Laksaci a évoqué l'affaire du vol de papier sécurisé destiné à imprimer des billets de banque algériens. Il a ainsi précisé que la Banque d'Algérie s'est constituée partie civile en Italie et en France. Et d'ajouter que des peines allant de 6 à 10 années de prison ont été prononcées à l'encontre des accusés, la Banque d'Algérie ayant obtenu des indemnités. M. Laksaci précise enfin que son institution suit avec attention et célérité les développements de l'affaire à l'orée des recours introduits, tout en prenant en compte le respect du caractère secret des investigations.