Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a donné beaucoup d'éclaircissements aux députés, jeudi, à propos de leurs questions ayant trait notamment, à la gestion des réserves de change, au contrôle exercé sur les comptes de la Banque d'Algérie, à la possibilité d'une révision de l'allocation touristique et à la réglementation des bureaux de change privés. Pour ce qui est de la gestion des réserves de change, M. Laksaci a rappelé la politique de « diversification et de réduction des risques » adoptée par l'autorité monétaire. Elle obéit aux critères de « liquidité, de sécurité et de fluidité ». Le placement de ces réserves se fait actuellement à travers des dépôts auprès des banques centrales à raison de 6%, le reste se fait à travers des obligations, des bons du Trésor et des actifs, auprès d'établissements bénéficiant d'un bon rating, soit la notation triple A. Les dépôts auprès des banques centrales étrangères sont dominés par le dollar américain (61%) et l'euro (28%). Cette démarche traduit, selon M. Laksaci, notre « attachement à la garantie de la stabilité des dépôts ». Les obligations et bons du Trésor sont répartis sur plusieurs instruments dont les fonds souverains (65%), les établissements gouvernementaux (12,9%), les agences d'établissements supranationaux et internationaux (14,2%) et la Banque des règlements internationaux (BRI, 6%), a-t-il encore expliqué. La répartition par portefeuilles de ces dépôts montre que les établissements supranationaux détiennent 21,8% des dépôts, les Etats-Unis 20,7%, détenus sous forme de bons du Trésor, l'Allemagne (15,2%), la France (12,4%), les Pays-Bas (9,6%) et le Royaume-Uni (8,2%). Le panier des devises étrangères est composé du dollar américain (52%), de l'euro (37%) et de la livre sterling (9,6%). La cotation du dinar fixée par le marché interbancaire Sur la question de la politique du taux de change, M. Laksaci rappelle qu'il y a des « modèles universels dans la détermination du taux de change ». Celui du dinar est fixé par le marché interbancaire où interviennent 19 banques de la place en plus de la Banque d'Algérie. « On est sorti du système de cotation directe par la Banque d'Algérie en 1996 », rappelle-t-il. Le gouverneur citera encore le rapport du FMI qui reconnaît que le dinar a atteint, en 2004, son point d'équilibre, jusqu'en 2008, et ce, eu égard à « l'amélioration de la position financière de l'Algérie après le remboursement de sa dette ». La cotation du dinar se fait dans de séances quotidiennes, cinq fois par jour, et le résultat est publié et mis à la disposition des opérateurs par la Banque d'Algérie à travers son site. Le dinar s'apprécie en 2013 par rapport aux autres monnaies tels le dollar et l'euro qui entrent tous deux à 50-50%, dans les transactions. Mais M. Laksaci minimise la question de la perte de change, tout simplement parce que « l'on a recours de plus en plus au paiement cash » dans les transactions internationales. Pour lui, aucune somme n'a été placée dans « des actifs à risque comme les titres gouvernementaux émis par des pays en crise tels que la Grèce, le Portugal et l'Espagne ». Autre sujet soulevé par les députés, l'agrément des bureaux de change privés. Après le rappel des textes qui ont ouvert cette activité au privé, M. Laksaci reconnaît qu'il y a eu peu d'engouement pour cette activité de la part des investisseurs privés. « Sur 46 bureaux de change agréés, 18 ont rendu l'agrément ». Motif invoqué, la marge sur les transactions fixée à 1% reste dérisoire. Bureaux de change privés : la marge bientôt portée à 5% La Banque d'Algérie va bientôt revoir sa réglementation et porter ce taux à 5% pour donner « un nouvel élan » à cette activité. On parle de « 9 demandes déjà en instruction » auprès de la Banque des banques. Pour ce qui est de la convertibilité du dinar au profit des ménages, un terme générique qui englobe le change pour les touristes, les soins à l'étranger et les études, et en réponse à la demande des députés pour le relèvement de son niveau, M. Laksaci a précisé que la Banque d'Algérie devait terminer une étude sur la question. Cette hausse était parmi les recommandations pour cette année 2013 mais la situation de la balance des paiements en a retardé sa mise en application. En clair, des mesures dans ce sens « pourraient être prises à partir de 2014 », a laissé entendre M. Laksaci. Les billets de 200 DA, série 1983, retirés à fin 2014 Quant à la question du contrôle de la Banque d'Algérie par la Cour des comptes, M. Laksaci a rétorqué que son institution présente annuellement six rapports dans ce sens et que ses comptes sont déjà expertisés par des auditeurs. Il faut noter également que la Banque d'Algérie a décidé aussi de retirer, dans le cadre de ce qu'on appelle le rafraîchissement de la monnaie, les billets de 200 DA de la série 1983. Ils ne seront plus en circulation fin décembre 2014. Mais les billets en question « garderont leur pouvoir libératoire », comme le prévoit la loi sur le crédit et la monnaie, dix années encore, ce qui permet aux retardataires de les changer auprès de la Banque d'Algérie. Ce type de billets retirés au fur et à mesure (depuis mars 2012) « ne représente aujourd'hui que 0,7% de la masse de monnaie en circulation », a précisé le gouverneur de la Banque d'Algérie.