Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a exhorté hier François Hollande à trouver «le moyen de tourner la page, avant la fin de cette année, de l'incident regrettable» dont il a été à l'origine la semaine dernière en se réjouissant du retour de son ministre de l'Intérieur, Manuel Valls «sain et sauf» de son voyage à Alger. Je vais improviser une réaction, car il semble bien que nous soyons en présence d'une improvisation d'une plaisanterie, et les improvisations sont souvent périlleuses», lance M. Lamamra à l'entame d'une longue réponse à une question sur la vanne de très mauvais goût sur l'Algérie prononcée par le chef de l'Etat français, lundi dernier, devant les membres du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Le ministre algérien, qui animait une conférence de presse conjointe avec son homologue chinois en visite en Algérie, ne se prive pas de rappeler qu'il y a juste une année, le même président français avait effectué une visite d'Etat en Algérie, et qu'il n'avait pas «manqué» de profiter des bains de foule à Alger comme à Tlemcen avec le président Bouteflika. «Il a pu bénéficier de l'hospitalité chaleureuse du peuple algérien», dit-il. M. Lamamara précise, en outre, que lors de la visite à Alger du ministre Manuel Valls, la semaine écoulée, faisant partie de la délégation du Premier ministre Jean Marc Ayrault : «Je n'ai à aucun moment senti chez lui la moindre inquiétude concernant sa propre sécurité ou celle d'un autre membre de la délégation.» Le président Hollande, devant son auditoire du CRIF, avait, pour rappel, lancé que son ministre de l'Intérieur était de retour d'Alger et qu'«il en revient sain et sauf… C'est déjà beaucoup». Une phrase dite sur un ton moqueur, invitant à des lectures très peu flatteuses sur la sécurité en Algérie et la nature des Algériens. «Ma réaction personnelle est en communion avec celle de tout le peuple algérien. Nous sommes là pour capter et refléter les aspirations de notre peuple», note encore le chef de la diplomatie algérienne avant de dire, sur un détour de phrase, que l'humour de Hollande manque d'élégance. «Le sens de l'humour peut apporter ou donner une valeur ajoutée au sens des responsabilités lorsqu'il s'exprime avec élégance et mesure. Il introduit une décontraction devant cette pratique des plus austères qu'est la diplomatie», dit M. Lamamra en notant, dans un langage diplomatique, que dans le cas de Hollande, le coup d'essai est loin d'être un coup de maître. «L'humour peut être aussi une moins-value lorsqu'il exprime une réaction qui n'est pas celle rapportée par tous sur la population algérienne et l'Algérie», indique M. Lamamra en affirmant que la déclaration de Hollande est bel et bien «une moins-value par rapport à l'esprit qui anime les relations entre les deux pays». Continuant sur la même lancée, le chef de la diplomatie algérienne fait remarquer que l'année 2012 s'était achevée sur «le succès éclatant de la visite d'Etat de François Hollande à Alger, l'année 2013 n'est pas encore à son terme, nous ne souhaitons pas terminer sur une mauvaise note», dit-il sur un ton emprunt de fermeté et devant son homologue chinois, qui avait annoncé le lancement d'un plan quinquennal pour un partenariat stratégique et global entre la Chine et l'Algérie. Ramtane Lamamra a par ailleurs esquivé une question sur la déclaration du Premier ministre français au sortir de son entrevue avec le président Bouteflika, affirmant que ce dernier s'était réjoui du travail accompli par la France au Mali.