En résumé, le vice président de la LADDH milite pour une adéquation aux conventions signées du droit interne et pour une cour constitutionnelle, à saisir en cas de violation de la constitution. La deuxième édition du forum des droits de l'homme, encadré par la LADDH de Béjaïa, a eu lieu mardi 10 décembre au TRB. Les débats ont essentiellement tourné sur un inventaire des restrictions, des atteintes mais aussi ont cerné le gros des chapitres d'un plaidoyer pour une reconfiguration légale et un respect effectif. Les conférenciers se sont employés tour à tour à dresser un sombre tableau de la situation prévalant dans le pays en matière de droits de l'homme. A ce sujet, le vice-président de la LADDH et membre de l'exécutif de la coordination maghrébine des droits de l'homme, Said Salhi, relève que l'Algérie a consenti à la ratification de toute la somme de conventions, déclarations et autres pactes internationaux, mais décrit sommairement une situation sur le terrain qui est d'une autre réalité. D'emblée, sa disqualification va à la loi 12/06 sur les associations, dont le contenu, déclare-t-il, imprimerait un nouvel ordre restrictif en matière d'exercice du droit associatif, notamment par la mise sous contrôle de l'administration. Autre flèche décrochée à l'égard du pouvoir, les scandales liés à la corruption «qui ne semblent pas faire honte» aux gouvernants. Il évoquera également le problème de la torture, «devenue une pratique systématique», martèlera-t-il, faisant remarquer à ce titre «le refus fait à une mission du rapporteur spécial de l'ONU sur la torture». Le droit au travail et à la santé a été un autre point sur lequel le pouvoir a été épinglé. Le dispositif d'emploi de jeunes est jugé porteur «de précarité». Pour S. Salhi, la possibilité accordée aux entreprises d'un recours au dispositif va saper l'accès à la «permanisation». Sur le plan de la santé des populations, il relève une «situation alarmante» en matière de qualité de soins. Rappelant l'épisode des manifestations des cancéreux réclamant un accès aux médicaments. Il exprimera, enfin, l'inquiétude que suscite un sujet qui veut s'inviter de nouveau au débat public, la peine de mort. En résumé, le vice président de la LADDH milite pour une adéquation aux conventions signées du droit interne et pour une cour constitutionnelle, à saisir en cas de violation de la constitution. Pour ce faire, il exhorte à des actions fédérées de la société civile, en dépit des divergences. Abondant dans le même sens, Ali Yemloul, président d'Amnesty International, section Algérie, déplore, en ce sens, «l'absence d'une véritable solidarité». Partageant le rejet du code de l'information et la loi sur les associations pour «leur volet répressif», il énumère également une liste d'atteintes, dont celles «perpétrées sous couvert de la lutte contre le terrorisme» ou encore «la liberté d'expression et de manifestation». Sa mise en garde va aussi aux déséquilibres entretenus entre les statuts hommes/femmes. Sur ce chapitre, Soumia Salhi, présidente de l'association pour l'émancipation des femmes et syndicaliste UGTA, dénonce des violences faites aux femmes, dans un espace, la famille tout comme en milieu professionnel, où sujettes à harcèlement. Et d'ajouter en substance qu'un vide juridique n'en fait qu'induire la banalisation. L'autre syndicaliste, Yacine Aïdli, de l'Union de wilaya UGTA, revient sur un aspect jugé fallacieux des statistiques sur la masse active qui compteront le pré-emploi dans la masse des emplois effectifs. Il exprimera de même sa crainte que l'ordre du jour de la prochaine tripartite élude le fameux article 87 bis dont tout le monde réclame abrogation. Le propos du dernier intervenant, Idir Achour, président du syndicat des enseignants, le CLA, est centré sur la réflexion de la construction de l'action, autrement dit «comment faire pression sur les centres de décision» car, alerte-t-il, «les lois qui permettent de gagner aujourd'hui des procès contre les atteintes vont être remises en cause».