Des compagnons de lutte, des amis et des collègues ont rendu hommage à Mohamed Morsli, ancien directeur du quotidien El Moudjahid, à l'occasion de la commémoration du 14e anniversaire de sa disparition. C'est au forum du quotidien, qu'il a géré en tant que directeur général de 1976 à 1968 et de 1981 à 1982, que des membres de l'Association nationale des anciens du Ministère de l'armement et des liaisons générales (MALG) ont évoqué le parcours d'un de ceux qui ont lancé les prémices d'une presse professionnelle libre, qui a donné naissance plus tard à une presse indépendante, dont la liberté «n'est pas tombée du ciel». Le rôle joué par Mohamed Morsli, natif de Midelt (Maroc) en 1938, au sein du MALG a été rappelé par ses anciens compagnons invités par le quotidien, tel que Mohamed Yazid Zerhouni, ancien du MALG et ancien ministre de l'Intérieur. L'intervention a porté sur les moments forts du parcours de «celui qui avait énormément d'idées» et qui était un des initiateurs de ce qui est devenu la Charte de Tripoli en 1964. Zouaoui Benhamadi, ancien rédacteur en chef à El Moudjahid, a mis l'accent sur le combat de Mohamed Morsli, pour son travail crédible et professionnel dans le domaine journalistique, au moment où les pressions partisanes obligeaient les gens à se rétracter. Aziz était celui qui a pu asseoir une base pour un travail «indépendant». M. Zouaoui gardera en mémoire l'image d'un homme «rentré avec un cabas de clefs, alors que tous s'attendaient à un directeur avec un cabas de cadenas», en faisant référence à son passé d'ancien du MALG. Le directeur et journaliste que Mohamed Morsli était faisait des mains et des pieds pour que le travail crédible prime. «Il encourageait les journalistes et offrait les moyens nécessaires pour la rédaction», précise le conférencier qui n'a pas manqué de raconter quelques anecdotes, pour témoigner de la force de caractère qu'avait cet homme face à ses responsables de tutelle qui voulaient plutôt une presse de propagande et aux ordres. Omar Belhouchet, directeur du quotidien El Watan, a parlé d'un homme «fabuleux qui a libéré les initiatives». De son travail à El Moudjahid sous la coupe de «Aziz», M. Belhouchet retient une forte détermination «à offrir aux lecteurs un travail sérieux, professionnel et crédible. Il a constamment encouragé les enquêtes et les reportages sur la réalité sociale économique du pays. Il voulait réaliser un journal de service public de qualité». M. Morsli a impulsé la création d'une rubrique spécialisée et d'un supplément économique pour mieux informer les lecteurs algériens des mutations de l'époque. Pour Omar Belhouchet, Mohamed Morsli était un précurseur. Les pressions politiques ne l'ont pas empêché d'asseoir les fondements de la «nouvelle presse». Il considérait que le pays devait s'ouvrir et a travaillé dans ce sens, malgré l'hostilité très forte de l'environnement politique. «Notre ami faisait partie d'une élite qui a porté, très concrètement, les valeurs de la liberté de la presse dans la continuité du combat libérateur de Novembre. C'est une fierté pour nous.» Il a protégé le travail journalistique et a milité pour promouvoir une nouvelle génération de journalistes. «Nous ne devons pas perdre de vue que la nouvelle presse qui est apparue en 1990 n'est pas tombée du ciel», a indiqué M. Belhouchet. Nacer Mehal, ancien ministre de la Communication, se souvient «d'un homme à l'humour ravageur qui se cachait derrière sa carapace à l'aspect dur». Refusant constamment de céder aux pressions, Mohamed Morsli avait toujours la lettre de démission dans sa poche, se rappelle encore M. Mehal. Mohammed Merzoug, ex-directeur général de l'APS, a zoomé sur «les difficultés au quotidien avec la tutelle». Son intégrité absolue caractérisait son travail chaque jour. Son physique reflétait «une noblesse sans égale», souligne l'ancien responsable de l'APS qui a aussi tenu à partager certains de ses souvenirs avec Aziz, arrachant des sourires à l'assistance, mais aussi des larmes.