Le quotidien national El Moudjahid a consacré, hier, son forum pour rendre hommage au premier directeur du journal, le défunt Mohamed Morsli appelé communément par ses compagnons Aziz ou Abdelaziz. Pour l'occasion, le forum a connu la présence de plusieurs compagnons du défunt et ceux qui l'ont côtoyé au cours de la Guerre de libération mais aussi durant la période post-indépendance. Ces derniers ont retracé les différentes dates marquantes de la vie de M. Morsli qui, tel que décrit par ses compagnons, fut un homme fort de caractère, libre de pensée mais surtout protecteur. En plus des amis, plusieurs hommes de la presse à l'image de l'ancien ministre de la Communication Nacer Mhel, étaient présents. Yazid Zerhouni ex-ministre de l'Intérieur était également présent. Les compagnons du défunt ont relaté, souvent avec émotion, plusieurs anecdotes, des rencontres avec M. Morsli, qu'ils décrivent comme un homme «humble qui n'a jamais été attiré par la célébrité». Ancien colonel de l'ALN, M. Yahia s'est longuement exprimé sur le parcours de M. Morsli durant la révolution où il était à Mekhnès, au Maroc, pour poursuivre des études. De 1959 à 1960, il était chargé ainsi que ses nombreux compagnons d'évaluer et d'analyser les renseignements et les informations pour faire face à l'occupation française. Durant cette période, «nous commencions à imaginer l'Algérie de demain. Aziz avait beaucoup d'idées et il était ambitieux pour l'Algérie à venir», ajoute M. Yahia visiblement ému. Après l'Indépendance, M. Morsli a occupé plusieurs postes de responsabilité avant d'être nommé directeur du quotidien El Moudjahid. Durant les deux années, 1967 et 1968, qu'il passera à ce poste, il entreprendra de révolutionner le traitement de l'information en termes de liberté d'expression, surtout pour les sujets d'ordre socioéconomique qui, selon ses compagnons, posaient problème pour l'Etat durant l'ère du parti unique. Ceux qui ont travaillé sous la direction du défunt témoignent que ce dernier était «protecteur» envers les journalistes. Il protégeait si bien ses journalistes qu'aucun d'eux n'a été sanctionné quand il était à la tête du journal. Ils le décrivent comme un pédagogue, un fondateur, un professionnel exigeant et un homme qui se bat pour ses idéaux. M. Yazid Zerhouni dira que M. Morsli était un homme brillant et intelligent. «J'étais dans la même section que Abdelaziz. Nous étions dix, et Morsli nous transcendait tous par son intelligence, ses analyses et son sérieux», dira-t-il. Après une rupture de plus de dix ans, M. Morsli a fait son retour à El Moudjahid. Son retour a été cette fois marqué par de nombreux conflits l'ayant opposé à certains responsables qui n'appréciaient sa manière de traiter l'information. Son fort caractère qui le poussait à exprimer ses opinions haut et fort, y était aussi pour quelque chose. Un de ses amis dira avec un grand sourire : «Il était quotidiennement en conflit avec la tutelle pour une raison ou une autre.» Les présents seront unanimes quant à la contribution de M. Morsli à la naissance de la presse nationale. Il était le précurseur de la liberté de la presse. Ils ont toutefois déploré qu'il soit mort dans le silence et que de nombreux jeunes journalistes ignorent aujourd'hui cet homme et son combat. Aussi, ont-ils insisté sur la nécessité de commémorer le combat des personnalités tel que Mohamed Morsli afin qu'ils puissent être un exemple pour la jeunesse d'aujourd'hui. A. K.