Voici une année, la presse italienne avait révélé l'ouverture d'une enquête judiciaire contre Saipem pour corruption internationale, liée au scandale Sonatrach I. Saipem, filiale du géant pétrolier italien ENI, aurait versé à Farid Bedjaoui des pots-de-vin de plus de 200 millions d'euros ayant servi à obtenir huit contrats avec Sonatrach, pour un montant total de 11 milliards d'euros. Intransigeant, le parquet de Milan met en examen le patron d'ENI, Paolo Scaroni, ordonne l'arrestation de Pietro Varone, ancien directeur des opérations de Saipem, et lance un mandat d'arrêt international contre Farid Bedjaoui, considéré comme l'intermédiaire dans le versement de pots-de-vin, à travers sa société Pearls Partners, entre responsables italiens et algériens. La boîte de Pandore s'ouvre catastrophiquement sur le pouvoir algérien, qui tente de faire bonne figure. La justice est actionnée, mais l'exercice est périlleux. Le ministre de la Justice, Mohamed Charfi, et le président de la Cour suprême, Kaddour Bradja, sont remerciés en cours de route. Le parquet d'Alger se saisi de l'affaire, mais l'enquête avance très lentement, ce qui permet à Tullio Orsi, PDG de Saipem, de quitter Alger. L'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, cité expressément par les juges italiens, parvient lui aussi à se soustraire à la justice algérienne et se réfugie aux Etats-Unis. Après maintes atermoiements politico-judiciaires, le parquet d'Alger annonce, en août 2013, le lancement de mandats d'arrêt internationaux contre 9 personnes, dont Chakib Khelil, son épouse et ses deux fils, Réda Hemche, son homme de confiance et ex-directeur de cabinet du PDG de Sonatrach, et Farid Bedjaoui,. Leurs comptes en Algérie sont gelés et leurs biens saisis. Mais le plus important se trouve dans des comptes domiciliés à Hong Kong, à Singapour, aux Emirats arabes unis, au Liban, et dans des pays du Moyen-Orient, ainsi qu'en France, en Italie et en Suisse. Les Algériens ne se font pas d'illusions quant à la volonté des Américains d'extrader Chakib Khelil qui a longtemps servi les intérêts de l'Oncle Sam. Bedjaoui peut, de son côté, profiter de la protection des monarchies du Golfe, où il a placé une bonne partie de l'argent volé en Algérie. Ceci dit, les ennuis poursuivent les deux compères là où les Etats collaborent. C'est le cas au Canada et en France, où des biens immobiliers appartenant à Farid Bedjaoui sont saisis suite à la demande de la justice algérienne.