Le parquet de Tiaret a mis sous mandat de dépôt le mari de Karima Snouci - cette femme martyre, qu'il a battue à mort, avant de l'immoler -, pour homicide volontaire, a-t-on appris auprès de la même juridiction. Cette affaire a pris une autre tournure après le décès de Karima, à l'hôpital d'Oran, des suites de ses graves blessures. Elle avait été admise dans un état comateux, trois mois auparavant. Lors d'une dispute avec son mari, ce dernier lui a donné plusieurs coups de couteau et de sabre, puis mis le feu à ses habits (synthétiques), la laissant pour morte. Transférée par ses proches à l'hôpital de Frenda, d'où elle a été évacuée vers les urgences du CHU d'Oran, puis vers le service des grands brûlés, Karima a dû être amputée de sa jambe carbonisée alors que ses organes vitaux étaient grièvement affectés. Elle s'est battue contre la mort durant trois longs mois, avant de rendre l'âme, mercredi dernier, sur son lit d'hopital, privée de ses trois enfants en bas âge. Selon le parquet de Tiaret, le mari de Karima a été arrêté quelques jours après l'admission de la victime à l'hôpital et mis sous mandat de dépôt pour tentative de meurtre. La qualification de cette accusation a été revue en meurtre, samedi dernier, après le décès de la défunte et la conclusion du rapport du médecin légiste de l'hôpital d'Oran. « Nous ne sommes plus devant une tentative d'homicide, mais tout simplement devant un homicide dont les conséquences seront très graves », a déclaré notre source judiciaire. Cette grave affaire avait suscité une grande réprobation de nombreux citoyens anonymes qui nous ont écrit des quatre coins du pays et du monde pour exprimer leur solidarité et appeler à une justice, « pour que plus jamais d'autres Karima n'ait à subir les affres de la torture de la part de leur mari ». Honteusement, à ce jour, les voix des associations, notamment celles qui militent pour les droits des femmes, ont été très timides et n'ont jusqu'à l'heure actuelle exprimé aucune réaction, ne serait-ce que celle suite à la condamnation de cet acte barbare dont a été victime une mère de trois enfants, âgée à peine de 31 ans. Sous d'autres cieux, cette histoire tragique aurait soulevé l'indignation générale de la société civile et et surtout des associations de femmes. Malheureusement, cela n'a pas été le cas chez nous. Karima, qui a souffert des années en silence, est morte également en silence, loin des regards et des projecteurs, laissant derrière elle l'histoire dramatique d'une martyre des violences conjugales.