Alors que l'inflation commençait à peine à décélérer, après avoir frôlé la barre des 10% en 2012, la valeur de la monnaie nationale accusait à son tour d'inquiétantes chutes en 2013, mettant en doute la politique même de fixation du taux de change, telle que gérée par la Banque d'Algérie. Fin octobre dernier, le ministre des Finances, Karim Djoudi, reconnaissait officiellement devant les membres de l'Assemblée populaire nationale (APN), que le dinar algérien a connu une dépréciation de l'ordre de 9%, opérée, précisait-il, depuis le mois de juin. Tout en expliquant que la chute de la valeur de la monnaie nationale par rapport à l'euro et au dollar est due au différentiel d'inflation entre l'Algérie et le reste du monde, le ministre des Finances avait tenté de rassurer que le dinar allait à nouveau s'apprécier, dès lors que les prévisions donnaient une inflation à seulement 4% pour les mois à venir. Plus que les effets de cette dépréciation, c'est la gestion même de la politique du taux de change qui, depuis, suscite à nouveau la polémique, la Banque d'Algérie (BA)se voyant reprocher d'avoir opéré un glissement volontaire, voire une dévaluation déguisée du dinar pour contenir les importations. Rompu à sa sacro-sainte politique de flottement dirigé de la parité du dinar, la BA réagit officiellement en indiquant, à travers un communiqué, qu'en dépit de la volatilité des cours de change des principales devises, «le taux de change effectif réel du dinar est aujourd'hui encore apprécié par rapport à son niveau d'équilibre». Pour ce qui est de la monnaie européenne, admet-elle cependant, les cours observés sur le marché local «sont légèrement dépréciés en contexte de forte appréciation de l'euro par rapport au dollar». Globalement, soulignait la même institution, la valeur externe de la monnaie nationale subit effectivement, dans une certaine mesure, «l'effet de la volatilité des marchés de change liée aux risques pesant sur les perspectives à court terme de l'économie mondiale». Le fait est que l'année 2013 aura été marquée par une chute significative de la valeur du dinar, ce qui ne va pas sans impacter négativement le pouvoir d'achat des Algériens, déjà amoindri par l'inflation. Dans le même contexte, commence à se poser également la question du bien-fondé des arbitrages qu'opèrent la Banque d'Algérie sur son panier de devises pour maintenir toujours à l'équilibre le taux de change effectif réel du dinar.