Les mouvements de protestation se propagent telle une traînée de poudre à Alger. D'un quartier à l'autre, d'une cité à l'autre, la colère des habitants s'exprime de la manière la plus violente. Hier, le quartier d'El Hamiz, à l'est de la capitale, a été le théâtre d'affrontements – fort bien contenus – entre les services du maintien de l'ordre et des habitants d'un bidonville qui n'ont trouvé d'autre moyen pour faire entendre leur voix que de barricader la route reliant Dar El Beïda à Rouiba. Mécontents de n'avoir pas été parmi les bénéficiaires de logements sociaux qui seront prochainement distribués à Alger, les occupants de ce bidonville crient à l'injustice et exigent la révision des listes. Aux Eucalyptus, les résidants de la cité El Amir ont investi la rue pour dénoncer l'état des routes complètement défoncées et impraticables. Ils se disent totalement «abandonnés» par les autorités locales qui n'ont pas daigné répondre à leurs nombreuses doléances. La tension est toujours vive à Cherarba, qui a été secouée par des émeutes les jours précédents. Les quelque 800 habitants recensés du bidonville qu'abrite cette commune réclament des logements sociaux et menacent de réinvestir la rue. A Aïn El Malha, qui est devenue célèbre à cause de son bidonville de pas moins 1500 familles, considéré comme le plus grand du pays, le climat est plus que tendu. Quelques escarmouches ont été enregistrées, ne conjecturant rien de bon pour l'avenir. Les craintes sont justifiées d'autant plus que les autorités locales reconnaissent n'avoir pas les moyens de satisfaire toutes les demandes de logement qui se comptent par centaines de milliers. A Baraki, les émeutes se poursuivent à leur cinquième jour aux alentours de deux bidonvilles dont le plus important se trouve à Haouch Biga. A Douéra également, la population ne décolère pas. Certains manifestants ont même bloqué la route pendant plusieurs heures. A Réghaïa, les protestations contre l'installation d'un centre d'enfouissement technique ne s'arrêtent pas. L a voie ferrée est encore bloquée, provoquant ainsi des perturbations du trafic ferroviaire. Ainsi, donc Alger est sur une poudrière. Le moindre faux geste ou une mauvaise déclaration d'un responsable pourrait provoquer le pire. Les injustices sociales et l'incapacité avérée des autorités locales à prendre en charge les multiples problèmes cumulés depuis de longues années aggravent le ressentiment des citoyens. Ces protestations violentes interviennent dans un contexte particulier, marqué par l'approche de l'élection présidentielle qui devra avoir lieu en avril 2014. De telles expressions de colère des citoyens renseignent sur l'ampleur des problèmes socioéconomiques du pays.