Le vieux bâti donne des sueurs froides à la population de la commune de Belouizdad. Mais pas seulement. Depuis l'installation, fin 2012, de la nouvelle équipe municipale, il y a eu au moins quatre effondrements d'habitations. 85% des bâtisses de la commune ont été classées au lendemain du séisme de 2003 dans la catégorie orange. Le recensement du CTC fait état également de 81 immeubles menaçant ruine (IMR), d'une vingtaine d'autres classés dans la catégorie rouge. Quelque 46 bureaux d'études et 206 entreprises avaient été engagés par l'Ofares pour réhabiliter 600 immeubles. Plus de 1200 familles ont été relogées. Entre-temps, la population vit dans la peur d'un effondrement. «J'envoie régulièrement des rapports aux autorités de la wilaya pour les alerter sur la situation d'un danger imminent, surtout en ces temps de pluie. La réponse qui m'est faite est toujours la même. On me demande de me référer à la loi communale 11-10 (art. 89 alinéa1 et 2) qui stipule que les décisions de prise en charge des constructions menaçant ruine et des glissements de terrain relèvent des prérogatives du P/APC. Mais, réellement, le maire ne peut rien faire. L'ancien président d'APC a pris sur lui de caser un citoyen au stade du 20 Août. La justice l'a condamné à une année de prison ferme. Je ne peux rien faire alors que les gens sont en danger», s'indigne la présidente de l'APC de Belouizdad, Dehina Naïma, qui égrène, la voix enrouée, les cas des familles sinistrées des rues Abdelkader Chaâl, Cervantès, Cheikh El Kamel, Ali Diouani qui vivent la peur au ventre. Le vice-président chargé de l'urbanisme balaie d'un revers de la main les accusations de laisser-aller. «En mai 2003, il y a eu l'installation de la cellule de crise suivant l'instruction 091. Le texte donne la prérogative au wali délégué de gérer le plan d'urgence, toujours en vigueur», précise-t-il. Le CTC a signé l'évacuation des immeubles pour préserver les citoyens qui y habitent toujours. Pire, des immeubles sont sans carnet de santé. «Des immeubles n'ont pas du tout été expertisés. On a fait une demande pour expertiser ou réexpertiser tout le parc mobilier communal. Nous avons sollicité les services de la wilaya à l'effet de passer une convention APC-CTC pour expertiser les équipements de l'APC et les immeubles et ainsi rassurer les citoyens. Nous attendons toujours», dira-t-il. Le bâti dégradé et précaire est situé principalement sur les hauteurs, au lieudit Carrière. Après le séisme de 2003, des habitants ont squatté des bâtisses destinées à la démolition. Des baraques, construites dans la roche, se sont agrégées aux habitations abandonnées par les familles relogées dans des chalets. La menace de glissements de terrain pèse sur la centaine d'occupants. Mais le hic, s'indignent les élus, c'est que les autorités n'ont pas voulu recenser les occupants. «Les habitations nouvellement construites ou celles squattées sur les rues Cervantes, Chekih El Kamel, Razi, Hamidi, etc. ne sont pas recensées. Une femme habitant au 11 Abdelkader Chaâl est venue me voir. Elle loge avec son fils marié ; elle est obligée d'aller chez les voisins et laisser son fils avec sa belle-fille», raconte la P/APC. Selon les élus, les autorités peuvent, le cas échéant, faire une enquête approfondie et connaître la situation réelle des occupants. «Il se pourrait que leurs parents aient bénéficié de logement, mais la majorité n'a jamais été relogée, alors qu'ils y habitent depuis toujours. Si tu trouves 80% sont ouled el haï (anciens de Belcourt). On voudrait que le site soit rasé une fois pour toutes et qu'on mette à profit l'espace», souhaite le vice-président chargé du social, Mohamed Ammamra. La commune de Belouizdad n'a pas bénéficié de nouveaux quotas de logements de types social ou LSP. «La commune n'a pas bénéficié de LSP depuis 2004. Je ne sais même pas quel sera l'avenir de ces demandes qui s'élèvent à 7289. On a également 3776 demandes pour le social. Il n'y a eu qu'un quota depuis 2002. Seules 217 familles ont pu bénéficier du social. Depuis 2010, aucun quota ne nous a été destiné. Selon les dernières informations, des familles habitant dans des immeubles menaçant ruine seraient relogées à la faveur de l'opération que devra lancer la wilaya. Mais nous ignorons le quota qui nous est réservé et les cités qui devraient en bénéficier», relève Mme Dehina.