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Fuite des cadres Algériens
Aller sans retour
Publié dans El Watan le 06 - 06 - 2006

"Si la richesse ne vient pas aux hommes, les hommes vont à la richesse." Cette phrase d'Alfred Sauvy, célèbre économiste français, se traduit chez nous par ces milliers de ces jeunes désespérés qui tentent, parfois au péril de leur vie, de gagner le rêve européen.
De l'Algérien prêt à tout pour " el harba ", nous avons surtout l'image du jeune paumé qui passe ses journées adossé au mur, rêvant d'un bateau pour l'Australie. Désormais, et comme le confirme une étude réalisée pour le compte de l'Organisation internationale du travail, ce rêve appartient aux riches comme aux pauvres, aux universitaires comme aux personnes non instruites. L'immigrant algérien a aujourd'hui de multiples visages. "Le projet migratoire intéresse différentes personnes appartenant à différentes régions, de différents statuts sociaux, personnes inactives ou exerçant dans différents secteurs du marché du travail, et de différents niveaux d'instruction. La migration ne se produit plus seulement pour des raisons économiques, elle apparaît de plus en plus comme une décision, traduisant une lecture contingente, mais aussi singulière des dynamiques sociales à l'oeuvre ; une lecture nourrie d'espoirs, de craintes, et parfois de fantasmes individuels et collectifs ", note le rapport de l'OIT. Beaucoup d'universitaires algériens qui ont tenté l'aventure sous des cieux qui leur semblaient plus " cléments " ont, cependant, dû déchanter. Le niveau d'étude et le diplôme n'immunisent pas les migrants contre le chômage. Preuve en est, 16% des universitaires partis à l'étranger n'ont pas trouvé de poste de travail. Autre constat : la propension à émigrer augmente avec l'âge. Selon la même étude, alors que seulement 15% des élèves maghrébins affirment vouloir quitter le pays, plus de 80% des lycéens ont exprimé leur volonté de " partir ".
Déficit
Cette tendance des Algériens au départ a causé, d'après l'OIT, beaucoup de mal au pays. L'Algérie a perdu plus de compétences que le Maroc et la Tunisie, en particulier lors de la période d'instabilité politique des années 90. Le secteur de la santé est l'un des secteurs les plus affectés par l'émigration. Les médecins qui partent ne sont pas remplacés, ont constaté les enquêteurs de l'OIT, par de nouvelles recrues possédant des qualifications susceptibles de maintenir le niveau des prestations. L'exil des spécialistes a également affecté, d'après l'OIT, la qualité de la formation de nouveaux médecins, notamment dans certaines spécialités telle que la cardiologie. Le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique souffre également de l'exil d'une partie des enseignants et des chercheurs de rang magistral. Le déficit causé par ces départs est estimé à plus de 2.000 enseignants et à quelques milliers de chercheurs. Les nouveaux besoins se chiffrent, d'après le ministère algérien de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, à plus de 4.000 enseignants et plusieurs milliers de chercheurs.
"Je t'aime, moi non plus"
Contrairement à leurs voisins Marocains et Tunisiens, les Algériens n'ont d'yeux que pour la France. Voilà, dirait-on, de quoi ajouter une note à la valse-hésitation entre l'Algérie et la France. D'après le rapport de l'OIT, les migrants algériens sont installés quasi exclusivement - à plus de 95%- en France alors que les Tunisiens y sont installés à près de 70% et qu'une diversification plus grande est constatée chez les Marocains qui ne sont que près de la moitié (49%) en France. Au total, près de 85% des immigrés maghrébins en Europe résident dans l'Hexagone. L'arrivée sur la scène migratoire de profils hautement qualifiés pourrait cependant, d'après l'OIT, changer la donne. On assiste en effet, souligne le rapport, à un phénomène de diversification des destinations qui va en s'accentuant.Selon les Nations-Unies, environ 175 millions de personnes, soit 3% de la population mondiale, vivent en dehors de leurs pays de naissance. L'Europe compte, parmi ses immigrés, 2.096.600 Maghrébins dont plus de la moitié (55%) est originaire du Maroc, un peu moins du tiers (30%) d'Algérie et 14% de Tunisie.
Que deviennent-ils ?
Une fois sur le sol étranger, les immigrés algériens doivent faire confiance à leur sens de la débrouille. D'après le rapport de l'OIT, les Algériens ne s'en tirent pas aussi bien que leurs pairs Tunisiens et Marocains. En effet, 11% des Tunisiens travaillent dans les professions intellectuelles supérieures -autant que les Européens immigrés en France- moins que les Africains non maghrébins (12%), mais plus que les Marocains (8%) et les Algériens (7%). Les rédacteurs du rapport ont, par ailleurs, remarqué ces dernières années que les femmes immigrées ont pris les devants sur le marché du travail. Selon le recensement de la population en France, alors qu'il y avait 41% des femmes immigrées sur le marché du travail en 1982, il y en a 57,1% en 1999. Dans la catégorie des femmes entrepreneurs, les Tunisiennes (8%) devancent même les ressortissantes de l'UE (7%). Les Algériennes et les Marocaines représentent, elles, 5% des l'entreprenariat féminin en France. Il ne fait aucun doute que l'entreprenariat émigré tend à prendre de l'ampleur. Une étude menée en Italie a démontré, que la proportion d'indépendants et d'entrepreneurs a enregistré une évolution importante. Les Nord-africains sont ainsi propriétaires de plus 37.100 unités réparties dans les secteurs de l'agriculture, l'industrie et les services. Les immigrés algériens ont, selon une étude marocaine, 288 entreprises industrielles en Italie contre 3.236 entreprises tunisiennes et 764 entreprises libyennes.
Une prise de conscience tardive
Face à l'hémorragie des cadres et des compétences algériennes, les autorités ont réagi très tardivement. Les rédacteurs de l'étude de l'OIT s'étonnent qu'en dépit qu fait que l'Algérie soit le pays du Maghreb qui le plus souffert du départ des ses compétences, elle est seulement au début d'un processus d'élaboration d'une politique de mobilisation de ses ressources humaines hautement qualifiées. Toutes les " potions " qu'ont apportées les autorités algériennes pour inciter les ressortissant algériens à revenir au pays se sont révélées inefficaces. Parmi ces mesures, le rapport de l'OIT souligne l'assouplissement des procédures consulaires, la multiplication d'actions de proximité par des visites de travail, le renforcement des liens avec le pays d'origine par l'ouverture des écoles algériennes, l'organisation de manifestations culturelles et de visites au pays, en adhérant aux partis présents sur la scène migratoire. En arrêtant ces nouvelles mesures, l'Etat algérien affiche l'ambition de renforcer des liens au pays d'origine en vue d'un éventuel retour. Mais il est déjà trop tard.


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