Le constat est alarmant : 5 à 6% des couples en âge de procréation sont confrontés à des problèmes de stérilité en Algérie. C'est l'Association algérienne de la planification familiale (AAPF) qui l'a annoncé lors d'un séminaire organisé hier, à Alger, sur les besoins et droits des jeunes et adolescents en santé sexuelle et productive. Selon le docteur Saïd Badri Kabouya, président de cette association, plus de 60% des cas de stérilité relevés chez les couples en âge de procréation sont causés par des troubles masculins. Si l'âge du mariage recule de plus en plus à cause des considérations sociales, professionnelles ou culturelles, les chances de procréation diminuent chez les couples désireux de fonder un foyer – première cause de la baisse de la fertilité des couples en Algérie – «des recherches doivent être effectuées pour connaître les autres facteurs à l'origine de cette stérilité», estime le Dr Kabouya. Selon ce spécialiste, qui s'exprimait en marge de la rencontre, «le nombre des hommes atteints par cette pathologie est énorme et l'absence d'une stratégie de lutte contre les facteurs de stérilité réduit les chances d'y remédier. La mise en place d'un plan de lutte ou d'une stratégie d'étude et de prévention de la stérilité masculine serait un atout pour ces couples en quête de devenir parents». Les préoccupations exprimées sont liées notamment aux modalités d'accès aux contraceptifs. Des représentants d'associations ont dénoncé le fait que des médecins refusent la prescription de contraceptifs pour des mineurs. La loi en vigueur en Algérie permet l'accès aux moyens de contraception uniquement aux majeurs. Les mineurs doivent être accompagnés par leur tuteur pour pouvoir bénéficier de cette prestation. Des participants ont plaidé pour la révision de ce texte pour permettre aux jeunes l'accès aux contraceptifs afin de limiter les risques de grossesse involontaire. Il faut savoir que l'AAPF est une association non gouvernementale (ONG). Elle a été créée en 1987 sur l'initiative de 72 volontaires. Elle œuvre en faveur de la planification familiale et du bien-être de l'individu en matière de santé sexuelle et reproductive. L'AAPF est affiliée à l'IPPF (International Planned Parenthood Federation) depuis 1990. Le séminaire a été aussi l'occasion de présenter «la vision de 2020 de l'IPPF». Dans les prospectus remis aux présents, l'AAPF explique qu'une journée d'information sera organisée. Elle ciblera en premier lieu ses bénévoles et ses partenaires, les ONG, les organisations nationales et internationales et en second lieu des experts, des représentants du gouvernement ainsi que des prestataires de services. La présentation faite à l'occasion de ce séminaire renseigne sur les objectifs sur lesquels les gouvernements doivent se concentrer à l'horizon 2020. Il s'agit entre autres d'assurer une santé sexuelle et reproductive avec l'objectif de développement ; éliminer les discriminations envers les femmes et les filles, intégrer les services de santé sexuelle et reproductive et de VIH dans les systèmes de santé. L'organisation active également pour réduire le manque en moyens de contraception, ainsi que l'accès à l'éducation sexuelle pour tous. Réduire de 75% les risques de mortalité maternelle dus à des avortements à risque figure aussi parmi les objectifs recherchés.