La rencontre algéro-marocaine des chefs d'entreprises, organisée, hier, à la salle des conférences de la Safex à Alger, a mis à nu la faiblesse des échanges commerciaux entre les deux pays. Même si ces échanges sont passés de 263 millions de dollars en 2001 à 406 millions de dollars en 2005, soit un accroissement annuel moyen de 18%, il n'en demeure pas moins qu'ils restent en deçà de ce qui est attendu, dira en substance le ministre marocain du Commerce extérieur, Mustapha Mechahouri. Tout en relevant que les mesures tarifaires et non tarifaires ainsi que les procédures administratives et les mesures techniques sont parmi les obstacles au développement de ces échanges entre les deux pays, le ministre marocain a indiqué que les exportations du Maroc vers l'Algérie ont atteint 52 millions de dollars en 2005, et « portant principalement sur le plomb, les produits alimentaires, les médicaments, des engrais et les articles d'habillement ». Les importations marocaines d'Algérie se sont élevées à 355 millions de dollars à fin 2005, dira t-il, « avec une prédominance des carburants à hauteur de 90% ». M. Mechahouri a estimé que le Maroc et l'Algérie « peuvent jouer un rôle déterminant dans l'édification d'une importante complémentarité économique régionale, tant par référence à leur situation géographique et à leur appartenance à la zone euro-méditerranéenne que compte tenu des appréciables potentialités de leurs économies respectives ». Et d'ajouter que les deux pays sont interpellés plus que jamais par le passé afin de consolider davantage leurs coopérations bilatérale et maghrébine « en vue de relever les défis économiques et socio-politiques qu'imposent les mutations accélérées du fait du contexte économique international » . Pour ce faire, le ministre marocain a estimé que « les opérateurs sont sollicités à multiplier les contacts et les manifestations, à s'échanger davantage de missions économiques et commerciales et à monter des projets de partenariat en exploitant les potentialités commerciales et d'investissements offertes ». « Une nouvelle dynamique qui pourrait s'étendre aux différents secteurs de l'industrie, du commerce et du tourisme »,dira M. Machahouri. Le vice-président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Réda Hamiani, a, dans son intervention, décelé de prime abord : « une volonté commune de renforcer nos liens au-delà des contingences qui nous sont imposées ». Tout en plaidant pour la multiplication de ce genre de rencontres à l'effet de créer des opportunités entre hommes d'affaires, le vice-président du FCE a mis l'accent dans son allocution sur « le coût du non-Maghreb » pour les deux pays particulièrement et la région maghrébine en général. « Le non-Maghreb a entraîné des discussions solitaires avec l'UE, alors que si le Maghreb existait, nous aurions arraché plus de droits »,dira-t-il. Il fera remarquer ainsi que « le non-Maghreb a isolé chacun de nos marchés en l'atomisant dans un axe nord-sud », avant de souligner que les échanges horizontaux entre les pays du Maghreb ne dépassent guère les 3% des échanges de chacun des pays concernés. Tout en affirmant que le « non-Maghreb n'a pas unifié le marché du travail dans la région et a figé le Maghreb, en le " balkanisant " face aux autres regroupements régionaux ». Réda Hamiani a indiqué, en outre, que le non-Maghreb coûte pour chacun de ses pays 1 à 2% de points de croissance en moins annuellement. Le conférencier considère que « les politiques ont une très grande responsabilité devant l'histoire » face à ce gâchis. Notons enfin, que ce forum économique algéro-marocain organisé dans le cadre de la 39e édition de la Foire internationale d'Alger, par le FCE et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), ont été affectés par le décès à Alger de Mounir Bensaïd, DG du Centre marocain de la promotion des exportations.