La Foire internationale d'Alger devient au fil des ans l'événement économique le plus important dans le pays. Rendez-vous d'affaires qui attire de plus en plus de professionnels, l'édition de cette année tenue durant la première semaine du mois de juin s'est illustrée par une participation record : 45 pays représentés par 1113 entreprises. Cette 39e édition placée sous le signe : "Plan de soutien à la croissance économique : vecteur de développement durable", a été marquée par l'entrée en lice de trois nouveaux pays exposants, à savoir le Soudan, le Pérou et le Mexique. La France reste toujours le pays le plus fortement représenté avec 321 entreprises sur les 1.062 présentes. Suivie de l'Italie (104) et de l'Allemagne (86), de la Tunisie, invitée d'honneur de cette édition (78), de l'Egypte (63), de l'Espagne (52), des Etats-Unis (42), de la Jordanie (23) et de l'Arabie Saoudite (14). L'Algérie participe avec 522 entreprises, dont 84 du secteur public. La précédente édition de la FIA a vu la participation de quelques 1.586 contre 1.668 cette année. Une augmentation considérée comme " un signe de l'amélioration de l'environnement économique de l'Algérie pour les partenaires étrangers " selon le premier responsable de la société algérienne des expositions et d'exportation (Safex), organisatrice de l'événement. Côté visiteurs, une baisse sensible a été enregistrée cette année, puisque, et à en croire les chiffres de la Safex, ils étaient 700.000 l'année dernière à visiter les stands des exposants contre quelque 600.000 durant cette édition. Une défaillance qui peut s'expliquer par la décision intimée aux exposants de ne plus vendre durant l'événement. Les difficultés d'accès pour les automobilistes face à l'exiguïté des lieux pour ce genre d'événement peuvent en dissuader plus d'un de se rendre aux pins maritimes. Selon la Safex, quelque 15.000 mètres carrés ont été ajoutés cette année aux espaces d'exposition. Côté bilan, il est à noter que la Safex ne procède pas encore à une évaluation exhaustive. Hormis la " satisfaction " des exposants relevés par tous, il serait intéressant de le faire, et comme cela se fait ailleurs pour ce genre d'événements, en calculant par exemples les indices de satisfaction, de fréquentation, les chiffre d'affaires réalisé et commandes prises durant l'événement, et parfois même les retombées médiatiques d'un tel événement considéré par bon nombre d'exposants comme support publicitaire. Autre fait à relever, et passant outre l'exiguïté des lieux qui n'ont pu contenir autant de visiteurs (parkings, et autres commodités), il y a lieu de relever l'absence d'animation sur les lieux. Ou plus exactement l'absence de la dimension culturelle pour ce genre d'événement. Sous d'autres cieux, un événement qui regroupe autant de participants étrangers sera rythmé par un large éventail d'animations, alliant ainsi joie et détente pour les visiteurs et exposants, et faisant découvrir aux autres les richesses folkloriques, gastronomiques, artisanales et autres du pays hôte. Cela dit, il semblerait que pour l'heure, la FIA, qui a pris son élan ces cinq dernières années, est plus intégrée aujourd'hui comme plate forme à même de dynamiser les investissements dans le pays. En attendant de lui donner une dimension à la hauteur des foires internationales qui se tiennent un peu partout dans le monde, les pouvoirs publics l'insèrent pour l'instant comme outil dans la politique économique nationale consistant à se positionner comme un pays d'opportunité et d'investissement, sur l'échiquier de l'économie mondiale. France : La Plus forte participation étrangère Elles étaient moins de 20 entreprises françaises à exposer à la foire d'Alger en 1999, faisait remarquer lors de sa visite récente à Alger, le ministre français de l'industrie François Loos. En 2005, le pavillon France érigée sur une superficie de 8 000 m² d'exposition a vu la participation de 335 exposants issus de 21 régions de France. Une présence qui dénote, selon des analystes, de la volonté de l'ex-puissance coloniale de défendre " ses territoires " considérées depuis longtemps comme sa chasse gardée. Le président du Medef International Jean Burelle, en relativisant les pertes de positions au Maghreb des PME françaises, a estimé qu' " il est toujours plus difficile de défendre une place de premier et plus facile de progresser en partant de rien ". Les Français demeurent premiers en Algérie dans les secteurs hors hydrocarbures, même si l'offensive des Italiens, Espagnols, Chinois et bien d'autres pays encore rend le marché algérien de plus en plus ouvert. Le Maghreb : Echec aux politiques, place aux affaires ! Fait qui a attiré l'attention durant cette 39e édition de la FIA, la forte participation des Marocains et Tunisiens. Le Maroc participe pour la deuxième fois depuis 30 ans à la foire, à travers des partenaires institutionnels et privés représentants différents domaines de l'économie marocaine. Invité d'honneur en 2005, le Maroc s'est octroyé un pavillon de 1.000 m2 de surface. Lors de la rencontre algéro-marocaine des chefs d'entreprises, organisée durant cette édition de la FIA, il a été mis à nu la faiblesse des échanges commerciaux entre les deux pays, même s'ils ont connu un accroissement de 18% en passant de 263 millions de dollars en 2001 à 406 millions de dollars en 2005. Les deux parties ont convergé vers la nécessité de l'édification d'une importante complémentarité économique régionale, et ce tant par référence à leur situation géographique et à leur appartenance à la zone euro-méditerranéenne que compte tenu des appréciables potentialités de leurs économies respectives. La FIA s'est avérée être un lieux de rencontre idéal pour les opérateurs des deux pays qui peuvent monter des projets de partenariat en exploitant les potentialités commerciales et d'investissements offertes. Le " non Maghreb a isolé chacun de (nos) marchés en l'atomisant dans un axe nord-sud ", avait souligné Hamiani, le vice président du FCE lors de cette rencontre, pour qui les échanges entre pays du Maghreb ne dépassent guère les 3% des échanges de chacun des pays concernés. La Tunisie quant à elle, a participé en tant que hôte d'honneur avec environ 120 entreprises et 150 hommes d'affaires. L'ambassadeur de Tunisie à Alger Mohamed El Fadhel Khelil a relevé d'ailleurs lors de la cérémonie de clôture de la 39e édition de la FIA, la concrétisation par le montage de plusieurs projets communs avec l'Algérie notamment dans le secteur agroalimentaire et plus précisément la production de concentré de tomates. Il a cité également un projet commun d'usine de production de fer et de phosphate à Oran pour un montant de cinq (5) millions de dollars. Un accord de coopération a été signé par ailleurs entre l'Office national de l'assainissement (ONA) d'Algérie et son homologue de Tunisie dans le domaine de l'environnement et le traitement des eaux usées. Avec la Tunisie, les échanges n'ont dépassé les 320 millions de dollars en 2005. La FIA : vitrine de l'économie nationale La première édition de la Foire internationale d'Alger a eu lieu en 1964. Entre cette première édition et celle de 2001, la 34e édition, la FIA a suivi les changements des modes de gestion de l'économie nationale et les évolutions des relations économiques internationales. Selon la Safex, " l'évolution de la courbe statistique de la participation étrangère à la FIA montre une moyenne de participation de 19 pays par édition pour les années soixante, de 39 pays pour la décennie soixante dix, de 39 pays pour la décennie quatre vingt et de 16 pays pour la décennie quatre vingt dix. Ayant enregistrée un reflux sensible durant la période 1992-1997, elle retrouve aujourd'hui sa véritable place dans le monde des foires et expositions et l'une des plus prestigieuses en Afrique et dans le bassin méditerranéen ". Globalement, la FIA a connu trois étapes. Celle de la décennie 70 qui a consacré le lancement de l'économie socialiste dirigée où la FIA était le principal rendez-vous annuel des entreprises étrangères venues proposer leurs offres et répondre aux principaux besoins de l'Algérie en pleine politique d'industrialisation. Le contexte idéologique et politique a fait que les pays africains et ceux l'Europe de l'Est sont les plus présents, alors que la participation des pays Arabes (non africains), a toujours été modeste, s'expliquant donc par les courants d'échanges très faibles avec cette partie du monde, selon la Safex. La plus importante participation étrangère a été enregistrée pour la décennie 80, précisément en 1982 où quelque 50 pays dont 16 Européens ont participé à la FIA. C'était la plus importante participation étrangère jamais enregistrée, indique l'institution organisatrice. Enfin la dernière période qui a caractérisé la FIA fut celle qui a suivi la crise économique qui a frappé de plein fouet l'économie algérienne à partir de la fin des années 1980 et par la suite les événements douloureux qu'avait connu l'Algérie durant la décennie 1990 qui s'est répercutée directement sur l'organisation de la FIA réduisant la participation étrangère à sa plus simple expression voire même à l'annulation de la FIA à trois reprises. Si les deux éditions 1999 et 2000 ont été de très grands succès, la participation à l'édition de 2001 augure le retour définitif de la FIA sur le devant de la scène économique nationale, écrit la Safex.