Une stratégie de recherche et de promotion à l'échelle nationale, maghrébine et africaine... Depuis 2008, l'Algérie a réussi à classer quatre éléments de son patrimoine immatériel sur la liste représentative de l'Unesco : l'Ahellil, le costume nuptial de Tlemcen, l'Imzad et le Rakb de Ouled sidi Cheikh. Plusieurs autres dossiers sont en préparation pour les prochaines années, nous confie Slimane Hachi, directeur du CNRPAH (Centre national de recherche en préhistoire, anthropologie et histoire). La fête de la Sbeiba de Djanet, qui coïncide avec la fête de l'Achoura, est déjà présentée et son classement sera examiné lors de la prochaine session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui se déroulera à Paris en novembre 2014. Des dossiers en association avec d'autres Etats, comme dans le cas de l'Imzad, seront très probablement présentés. Slimane Hachi précise : «Pour les prochaines sessions, nous essaierons de profiter d'une disposition qui fait passer en priorité les dossiers internationaux comprenant des Etats n'ayant pas d'éléments classés. Si on présente un dossier avec la Tunisie par exemple, il passera prioritairement. On pourrait ainsi présenter Yennayer (le calendrier agraire) qui est commun à plusieurs pays du Maghreb.» Outre cet aspect «stratégique», les dossiers intergouvernementaux permettent de mettre en exergue les liens culturels qui relient l'Algérie aux autres pays du Maghreb et l'ancrent dans sa dimension africaine. Un des éléments-phares de la culture maghrébine, et qui fait sa réputation gastronomique dans le monde, est le couscous. Mais au-delà du plat, ce sont toutes les pratiques qui l'entourent qui pourraient être classées : «Pour le couscous, nous présenterons un dossier sur ‘‘les stratégies alimentaires liées aux céréales'', annonce M. Hachi. On ne peut pas classer simplement un mets, il faut l'associer aux pratiques qui existent autour de lui, comme dans le cas du café turc, classé dernièrement.» Il rappelle la définition donnée par Ibn Khaldoun du Maghrébin comme «mangeur de couscous et porteur de burnous». Le classement de ce vêtement est également en projet. D'autres éléments culturels relevant de la dimension maghrébine de l'Algérie pourraient également être présentés, à l'image des événements culturels, des savoirs et des savoir-faire relatifs à la culture du palmier et de l'olivier. «Deux arbres emblématiques de l'Algérie et du Maghreb», rappelle Slimane Hachi. On peut également citer les métiers de la mer, la poterie et le tissage parmi les éléments susceptibles d'être présentés en commun par plusieurs pays maghrébins. Toujours au chapitre des dossiers transnationaux, des dossiers communs à plusieurs pays d'Afrique sont envisagés : «Le premier dossier concernera sans doute la Route du Sel qui s'enfonce jusqu'au Cameroun», révèle notre interlocuteur. La création d'un centre spécialisé dans la sauvegarde du patrimoine immatériel africain a d'ailleurs été décidée, en octobre dernier, lors de la 192e session du Conseil exécutif de l'Unesco à Paris : «Cette institution internationale basée à Alger s'occupera d'inventorier, capitaliser et aider à sauvegarder la mémoire africaine», résume Slimane Hachi, soulignant l'importance d'une telle installation pour la recherche dans notre pays.