Le président russe Vladimir Poutine a été vivement interpellé lors du 59e congrès mondial de l'Association mondiale des journaux (AMJ), qui s'est ouvert hier à Moscou. Le président de l'association, Gavin O'Reilly, a jugé « primordial » d'aborder la question des atteintes à la liberté de la presse en Russie et ce « au risque d'offenser (son) hôte », Vladimir Poutine. Depuis son accession à la tête de la Fédération de Russie en 2000, jamais le maître du Kremlin n'a été aussi sévèrement critiqué. Devant une assemblée de 1700 patrons de presse et rédacteurs en chef représentant 110 pays, M. O'Reilly a douté de la « réelle volonté » du Kremlin à donner aux médias plus d'indépendance, déplorant ainsi « l'absence de télévision nationale indépendante » et « le contrôle de l'Etat » sur les médias nationaux et locaux. Sans complaisance, le président de l'AMJ a porté haut les craintes des journalistes russes, dénonçant ainsi les pressions exercées à l'endroit des médias indépendants, pressions favorisant l'autocensure. Il a notamment fait référence à la prise de contrôle par le Kremlin, en 2001, de la chaîne privée NTV ainsi qu'à la fermeture autoritaire de quotidiens nationaux (Novye Izvestia et Segodnia). Vladimir Poutine, s'attendant à de vives critiques, a minutieusement préparé ses arguments. Il a d'abord souhaité exprimer une opinion divergente sur la question du contrôle croissant des médias qu'exercerait l'Etat russe, « l'influence de l'Etat diminue, elle n'augmente pas », avant d'ajouter que « si l'on veut un Etat progressiste, il faut une presse libre et économiquement libre ». Justifiant la mise au pas des médias indépendants dans son pays, sans complètement la reconnaître, M. Poutine s'est indigné des « structures économiques (qui) cherchent à avoir de l'influence sur tel ou tel article (...) et qu'à une époque, la presse était inféodée à une sorte de dictature oligarchique », avant d'appeler les journalistes de son pays à « se crédibiliser ».