Pour la ministre de la Culture, M. Bechichi est « entièrement » responsable du retard occasionné à la mise en place du budget de la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe-2007 ». Le conflit sur la gestion des 5,5 milliards de dinars, alloués à la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe-2007 », a fini par le limogeage par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, de Lamine Bechichi, commissaire du comité exécutif, chargé de la préparation de la manifestation. Une décision somme toute attendue après trois mois de guerre sourde entre les deux parties. La pomme de discorde entre la ministre et M. Bechichi, ancien ministre de l'Information, réside dans l'aspect juridique et, donc, financier, quant à la structure devant mener la préparation, l'organisation et le déroulement de ce rendez-vous culturel arabe. A ce propos, le conseiller de la ministre, chargé de la communication, M. Sidi Moussa, contacté, hier, par téléphone, souligne que le gouvernement a tenu à ce que l'épisode de la manifestation l'Année de l'Algérie en France en 2003 où de grandes sommes d'argent ont été détournées, ne se répète pas. Ainsi, le chef du gouvernement sortant, Ahmed Ouyahia, a décidé, le 5 décembre 2005, de la création d'un comité national et d'un comité exécutif, en évitant, donc, l'expérience du Commissariat. Le Comité national est présidé par le chef du gouvernement et composé de 13 ministres. Le chef du gouvernement a procédé, également, à la création d'un comité exécutif, auprès du ministre de la Culture, chargé de « la préparation, de l'organisation et du déroulement des manifestations culturelles retenues dans le programme arrêté par le comité national », peut-on lire dans la décision, dont nous avons une copie. Le comité exécutif est présidé par un commissaire, désigné par le ministre. Un poste qui sera attribué par Mme Toumi à M. Bechichi. Cependant, le commissaire du comité exécutif ne peut qu'assister aux réunions du comité national. M. Sidi-Moussa dira que lorsque le gouvernement a débloqué le montant de 5,5 milliards de dinars, « M. Bechichi a demandé qu'il soit le premier ordonnateur, un poste qui revient à Mme Toumi ». Plus loin encore, M. Bechichi, dans une correspondance du 30 mai 2006 adressée à Mme Toumi, demande l'institution par décret exécutif de l'entité « Commissariat général » pour la manifestation, la désignation du Commissaire général par décret présidentiel et la gestion « directe » du budget de la manifestation. Refusant à trois reprises un tête-à-tête avec Mme Toumi, M. Bechichi lui demande de « provoquer une réunion du Comité national seul à même de trouver des solutions adéquates et urgentes ». Mme Toumi, qui a pris acte des trois refus, répond que seul le chef du gouvernement peut provoquer une réunion du Comité national. La ministre déplore, également, que M. Bechichi ait « refusé de remettre les factures que le commissariat se plaint de ne pouvoir honorer ». Elle déclare que l'attitude de M. Bechichi a « occasionné un retard dommageable à la mise en place du budget de la manifestation ». Pour Mme Toumi, le ministère de la Culture « ne saurait être tenu pour responsable de ce retard ». Plus loin, elle informe M. Bechichi qu'il est « entièrement » responsable du blocage actuel. Selon le chargé de la communication de Mme Toumi, M. Bechichi, de par son intransigeance, a commencé à hypothéquer la préparation de cette manifestation, prévue de janvier à décembre 2007. « Il n'a voulu ni démissionner ni laisser les autres travailler », déplore M. Sidi-Moussa. En effet, ajoute-il, une soixantaine de personnes attendent leurs salaires depuis 6 mois à cause de l'attitude de M. Bechichi qui a refusé de remettre les factures à la direction du ministère de la Culture. M. Lerdjane, qui remplace M. Bechichi au poste de commissaire, aura l'urgente tâche de régler les salaires impayés et les factures de projets déjà engagés, à l'instar du tournage de films, de la réalisation de pièces de théâtre et de la production littéraire. « Il faut, aussi, rassurer tous les participants quant au bon déroulement des préparatifs » conclut M. Sidi Moussa. Par ailleurs, M. Bechichi, joint hier par téléphone, s'est refusé à tout commentaire.