La grève est suspendue pour les 30 jours à venir en attendant de voir comment les choses vont évoluer. C'est sur la place mythique du vieux marché de Ghardaïa que les membres de la cellule de coordination et de suivi des Mozabites de la commune de Ghardaïa ont annoncé la suspension pour un mois de la grève des commerçants et la reprise effective des cours pour leurs enfants. Entourés de centaines de commerçants et parents d'élèves, les quatre membres de cette commission ont pris tour à tour la parole pour demander à tous de rester vigilants et mobilisés, car «tout n'est pas encore réglé, et ce, même si les autorités locales nous ont garanti que toutes les mesures seront prises pour assurer la sécurité de nos familles, de nos biens et de nos enfants à l'école», lance Babaz Khoudir. Et d'ajouter : «Ce qui s'est passé n'est pas le fait d'une confrontation entre malékites et ibadites ou entre Mozabites et Arabes, non, c'est une conspiration de certains milieux mafieux locaux et d'aventuriers qui ne reculent devant rien.» Et de préciser sa pensée : «Les Arabes sont nos frères, nous avons toujours vécu ensemble sans problème. Ce problème qui revient régulièrement depuis 1975 est un problème de fond qui nécessite une volonté politique pour en venir à bout.» Pour sa part, le responsable communal des commerçants de Ghardaïa, Mustapha Sioussiou, a attribué l'importance des dégâts subis à la passivité des services de sécurité à intervenir. C'est Baba Oumoussa Bahmed, le porte-parole du FFS à Ghardaïa, qui a lu le communiqué, annonçant la suspension de la grève pour les 30 jours à venir, précisant que «ce délai servira aux autorités locales de mettre en place le dispositif et les garanties qu'ils nous ont présentés». Lors d'un point de presse organisé en marge de ce rassemblement, au siège du FFS, les membres de la commission ont tenu individuellement à rejeter toutes les décisions prises par les membres de la délégation qui s'est entretenue avec le Premier ministre. «Ils ne représentent qu'eux-mêmes, pour preuve, est-ce que vous avez vu l'un d'entre eux au milieu de ces centaines de personnes venues avoir des garanties sur leur avenir et celui de leurs enfants ?», avertit Baba Oumoussa Bahmed. «Personne ne peut parler au nom de cette communauté, à part ceux qui sont mandatés.» Khoudir Babaz estime : «M. Belaïz est complètement à côté de la plaque. Les chiffres qu'il a donnés à la télévision, tant sur le pourcentage d'élèves qui ont fait grève des cours que sur le nombre de commerces fermés pour suivi de la grève, sont très loin de la réalité.» A une question sur l'acceptation des exigences de la communauté par les pouvoirs publics, Hammou Mesbah, le fédéral du FFS de Ghardaïa reste sceptique, affirmant : «Si vraiment les autorités avaient la volonté de remettre les choses en place, pourquoi le mur du cimetière Imehras au quartier Baba Oudjenna n'a pas été restauré depuis les inondations de 2008 ?»