Malgré le vent de critiques qui continue à souffler après l'attribution du Mondial 2022 au Qatar le 2 décembre 2010, ce pays se projette déjà sur ce rendez-vous qu'il ne veut rater sous aucun prétexte. Le constat a été fait lors de notre dernier déplacement à Doha, organisé par Ooreddoo Algérie, à l'occasion du match-gala Paris-Saint-Germain–Real Madrid, disputé sur la pelouse du Khalifa International Stadium. Les Qataris ont fait de la ville de Doha un véritable carrefour du sport, en multipliant les manifestations sportives d'envergure. Le 2 janvier dernier, lorsque Ibrahimovic donnait la réplique à Ronaldo pour le compte du match amical, le tennisman, l'Espagnol Rafael Nadal jouait les quarts de finale du tournoi ATP de Doha face au Letton, Ernests Gulbis. Outre le Mondial 2022, le pays compte organiser, dès 2015, le Championnat du monde de handball et a également déposé sa candidature pour l'organisation des Jeux olympiques de 2020. Depuis une dizaine d'années, le petit pays de 11 586 km2 et ses 2 045 239 habitants, dont plus de la moitié est constituée d'étrangers, a multiplié les manifestations sportives jusqu'à une trentaine par an. En 2011, le secrétaire général du Comité olympique qatari, le cheikh Saoud Bin Abdulrahman Al Thani, précisait que l'organisation d'un événement comme le Mondial «permet de faire progresser le pays de vingt ans». Coup d'envoi Huit ans nous séparent encore du Mondial 2022, mais le pays de la péninsule arabe veut toujours impressionner. C'est ainsi qu'il a décidé la construction de 9 nouveaux stades et la mise à niveau de trois autres. Le premier chantier devrait démarrer très prochainement avec El Wakrah. Le stade, d'une capacité de 45 120 places devrait être réceptionné en 2018. Mais pour les personnes très au fait, le véritable «coup d'envoi» de la préparation du Mondial n'a pas encore débuté, comme nous l'a indiqué le journaliste algérien à BeIn Sport, Hafid Derradji : «Aujourd'hui, on ne ressent pas grand-chose par rapport aux préparatifs du Mondial. Toutefois, les Qataris travaillent beaucoup et ont les moyens financiers et le savoir-faire nécessaire pour être au rendez-vous lorsque le véritable coup d'envoi sera donné.» Critiques Depuis décembre 2010, le Qatar a essuyé de nombreuses critiques, car en plus des suspicions autour de l'attribution du Mondial à l'un des petits pays du monde, on a beaucoup évoqué les conditions de travail des ouvriers étrangers qui seraient plus qu'inhumaines. Et des associations comme Amnesty International craignent qu'avec le lancement des chantiers du Mondial 2022, la vie des travailleurs étrangers sera exposée plus que jamais à des dangers pouvant entraîner la mort. Le secrétaire général du Comité suprême d'organisation du Qatar 2022, Hassan Al Thawadi, avait reconnu les conditions difficiles des travailleurs étrangers après la diffusion du Guardian d'un reportage. Il a toutefois indiqué que ces ouvriers ne travaillaient pas sur des chantiers de la Coupe du monde. L'avocat de formation a par ailleurs confirmé avoir «établi une charte très précise avec les entreprises qui travailleront pour nous. Il faut que la dignité et la sécurité de tous les ouvriers soient assurées. Toute mort sur un chantier sera inacceptable». Hiver Une grande polémique s'est installée sur la période qui doit abriter la compétition du Mondial 2022. Beaucoup ont critiqué le choix du Qatar par rapport au fait que cette compétition ne pouvait se tenir en été en raison de la forte chaleur (50°C) qui prévaut à cette période dans ce pays. C'est ainsi que la proposition de l'organisation du Mondial en hiver a fait son chemin. Mercredi dernier, le secrétaire général de la FIFA, Jêrome Valcke, avait laissé entendre, dans une déclaration de France info, que le Mondial 2022 allait se disputer au plus tard entre le 15 novembre et le 15 janvier. Cette «déclaration» a soulevé un tollé général, surtout que la décision définitive ne devait pas être prise avant décembre prochain, après la consultation avec les différents acteurs du football mondial. «Je pense que l'organisation du Mondial durant l'hiver arrange mieux les Qataris et les visiteurs de ce pays. L'idée d'un mondial en hiver est la mieux indiquée», précise Derradji. Moyens Les responsables qataris ont mis les gros moyens pour la réussite de leur Mondial. Selon Christian Dumont, conseiller au commerce extérieur à Doha, le budget alloué à la construction des infrastructures aussi futuristes qu'extravagantes liées à la Coupe du monde se situe entre 150 à 200 milliards de dollars. Il reste encore huit ans, mais l'opération séduction a déjà commencé avec des investissements colossaux partout dans le monde, à l'instar de ce qui a été fait avec le Paris-Saint-Germain afin de vendre au mieux l'image du Qatar. Le riche pays est prêt à débourser encore plus pour être le centre du monde en perspective de 2022. C'est une promesse faite par les responsables du Qatar, mais aussi par de simples citoyens lorsqu'on évoque le Mondial… leur Mondial.