Les marchés de proximité réalisés sont toujours boudés par les gens, ce qui pousse les bénéficiaires à réinvestir la voie publique. Faute d'un revenu pour nourrir sa famille, Ahmed, la quarantaine, a choisi de vendre des fruits et légumes sur la voie publique. Il y a une année, et à la faveur d'une attribution de locaux au profit de marchands informels comme lui, il n'a pas pu bénéficier d'un stand à l'intérieur d'un marché de proximité. «Par malchance, ce jour là j'étais absent lorsqu'on a attribué ces locaux et pourtant, j'ai été recensé par les services de l'APC, mais depuis cette date on nous promet souvent de nous trouver une solution», dira-t-il. Le cas d'Ahmed n'est pas une exception. Beaucoup d'autres squatteurs de trottoirs sont dans la même situation que lui. Certains se sont servis des véhicules acquis par le biais de l'ANSEJ pour se recycler dans le commerce informel. D'autres sont des diplômés universitaires qui semblent avoir trouvé le bon filon de gagner de l'argent faute d'une carrière professionnelle stable. Cette situation confuse a poussé certains à fermer les locaux acquis dans le cadre du programme des marchés de proximité pour réinvestir les trottoirs et s'adonner en toute impunité au commerce informel. Dans la wilaya de Jijel, et à l'instar des autres wilayas du pays, ce type de commerce tend à s'encrer dans les mœurs. Il fait partie du décor dans toutes les agglomérations de la wilaya. Visiblement encouragés par un laxisme et un laisser faire qui s'est répercuté sur l'ordre public dans les grands centres urbains, les squatteurs des espaces publics viennent chaque jour grossir les rangs des commerçants informels. Le programme de réalisation des marchés de proximité, mené à coup de dizaines de millions de dinars, n'a pas apporté de solutions à ce fléau. C'est le constat d'une situation qui semble loin d'être maîtrisée. Dans une déclaration de presse, le directeur du commerce de la wilaya a tout bonnement affiché son étonnement face à un tel constat. Selon ce responsable, quatre opérations, d'un montant de 720 millions de dinars, ont été lancées depuis 2011. Le bilan établi fait état de la réhabilitation de six marchés de détail pour un montant de 170 millions de dinars, de douze autres de proximité, dont trois réalisés par l'entreprise Batimetal, pour deux enveloppes de 130 et 120 millions de dinars, ainsi que douze autre marchés inscrits au titre d'une opération de 300 millions de dinars, qui est en cours. En termes de structures réalisées et d'enveloppes financières dépensées, ce bilan cache mal le fait que sur un total de 16 marchés inaugurés, quatre seulement sont entrés en activité. «Les gens ont tendance à bouder ces marchés, ce qui a poussé les bénéficiaires des locaux à revenir aux trottoirs», se désole-t-on. Se défendant d'être responsable de cette situation, la direction du commerce affirme, par la voix de son premier responsable, que ses services sont uniquement concernés par la gestion du commerce réglementé. Il faut savoir que les marchés réalisés sont gérés par les services des APC après l'attribution des locaux aux marchands informels. Et dire que les bénéficiaires de ces locaux ont eu le privilège de bénéficier d'avantages fiscaux d'autres dans le paiement de la location. Pour tenter de remettre de l'ordre dans cette situation, l'on saura qu'une instruction interministérielle a été signée pour définir les modalités des nouvelles attributions de ces locaux. Elle vise à obliger tout bénéficiaire de signer une déclaration où il s'engage à exploiter son local et ne pas l'abandonner pour revenir s'adonner au commerce informel. En attendant que cette nouvelle mesure soit suivie par d'autres, une réunion entre les autorités de la wilaya et les P/APC sera tenue dans les prochains jours pour débattre de ce problème.