Les rites de Yennayer, nouvel an amazigh, et leur symbolique sont perpétués chaque année à travers les différentes régions de l'Algérie. Les citoyens se préparent toujours pour marquer cet événement bien enraciné dans les villes et villages. Les familles font de cette journée une grande fiesta pour célébrer de manière grandiose l'événement. Les festivités de Yennayer se déroulent dans une ambiance particulière, empreinte de ferveur, de joie et de communion, notamment en Kabylie où la population prépare un dîner traditionnel copieux à base de blé, semoule et viande de poulet. C'est une sorte de retrouvailles chez les familles, où tous les membres se réunissent autour d'une table pour célébrer «le réveillon» du nouvel an amazigh. «Chez nous, rien n'a changé dans les traditions de la célébration de Yennayer. C'est vraiment sacré ! Le sacrifice de la volaille est une coutume importante de cette fête. Les familles garnissent leurs tables à l'occasion de cette célébration d'une floraison de friandises», nous dit une vieille de la région des Ouacifs, rencontrée hier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, où un Salon du couscous est organisé pour marquer justement l'événement. Outre l'exposition de différentes sortes de couscous, des conférences seront animées par des universitaires et chercheurs sur des thèmes ayant directement trait à la relation ancestrale entre le couscous et le repas de Yennayer. Dans les autres localités de la Kabylie, le premier jour de l'an berbère est célébré pratiquement de la même manière et avec des festivités en mesure de perpétuer cette tradition millénaire. Ainsi, un déjeuner collectif de couscous au poulet est programmé dans tous les villages de la région. «Nous avons pensé cette année à donner une dimension très large à la célébration de Yennayer dans notre village. D'ailleurs, nous avons organisé une waâda au chef-lieu, où plus de 2000 poulets ont été offerts à tous ceux qui sont venus pour prendre part aux festivités», nous a expliqué un représentant du comité de village d'Aghribs. Dans cette commune, les festivités du premier jour de l'an amazigh sont organisées à travers tous les villages, à l'image de la population d'Adrar Ath Koudhia qui a mis sur pied un programme d'activités culturelles et sportives au niveau de l'école Ouakouak Arezki. La symbolique du premier jour de l'an berbère est célébrée à Ath Ouchène, village du grand musicien Iguerbouchène, où les citoyens prévoient pour aujourd'hui une grande rencontre de fraternité au mausolée d'Ighil Lekhmis. Le mouvement associatif de la région n'est pas en reste pour ce genre d'événements. L'association Assurif de Boudjimaâ va marquer Yennayer aujourd'hui par une exposition de bijoux, d'habits traditionnels, de sculpture et de tableaux de peinture ainsi qu'une animation artistique. Par ailleurs, au-delà de la Kabylie, la fête de Yennayer est devenue un événement très répandu à travers plusieurs wilayas du pays. On note, à titre d'exemple, le carnaval d'Ayred de Beni Senous, dans la région de Tlemcen. Il est organisé par des jeunes du village qui portent des masques traditionnels confectionnés avec des peaux de mouton sur lesquels sont transcrites différentes expressions. C'est un art ancestral transmis de génération en génération et qui résiste depuis des siècles. Cette année, la célébration officielle de Yennayer se déroule à Tébessa, où le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) marque l'événement avec une panoplie d'activités, comme les conférences animées par des chercheurs et universitaires, à l'image de Bada Badi et Mouloud Lounaouci. L'année dernière, c'était la wilaya d'Adrar qui avait accueilli les festivités organisées avec une symbolique particulière. Il s'agissait d'un vibrant hommage à Mouloud Mammeri, homme de lettres, linguiste et anthropologue, lequel a beaucoup travaillé dans la région du Gourara pour la promotion de tamazight dans sa variante zénète. Par ailleurs, à chaque occasion, les intervenants dans les rencontres sur le nouvel an amazigh ne cessent de plaider pour l'officialisation de Yennayer en Algérie.