En Kabylie, des responsables de partis politiques interrogés sur la question de la reconnaissance officielle de la fête de Yennayer et son classement comme patrimoine immatériel sont unanimes. Des formations politiques, comme le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le Rassemblement national démocratique (RND) et le Front de libération nationale (FLN), ont appelé à l'amendement de l'ordonnance du 26 juillet 1963 fixant le calendrier officiel des fêtes légales. Ainsi, le sénateur Mohamed Ikherbane du RCD dira : «Tant que Yennayer n'est pas reconnu par le texte fondamental du pays, ce sera considéré comme une négation d'une partie essentielle de l'identité algérienne qui est déjà tronquée.» Pour le parti de Mohcine Belabbas, «reconnaître officiellement cette date et l'instituer comme journée fériée c'est rendre justice au peuple algérien, une reconnaissance des Amazighs du Nord africain et particulièrement ceux de la Kabylie qui ont payé un lourd tribut. Au-delà de la prise en charge de l'une des revendications de la cause berbère, ce sera une prise de conscience». M. Ikherbane ajoutera : «Notre parti, le RCD, a fait de la reconnaissance et la constitutionnalisation de la langue amazighe ainsi que de cette fête millénaire l'un des fondamentaux du combat politique.» De son côté, Tayeb Mokadem, député et fédéral du parti Rassemblement national démocratique (RND) à Tizi Ouzou, a indiqué que la question de l'identité est également la revendication de son parti. Il a affirmé que «lors de la dernière session de l'Assemblée nationale, nos députés avaient clairement demandé en plénière l'officialisation et la reconnaissance de Yennayer, journée fériée avec l'amendement de l'ordonnance du 26 juillet 1963 fixant le calendrier officiel des fêtes légales». Le RND a estimé que l'institutionnalisation de Yennayer constituera un socle et participera à «consolider la personnalité du peuple algérien, sa fierté et son amour envers la patrie qui a plus que jamais besoin de son adhésion pour une Algérie forte, unie et indivisible». «Aussi, ajoute le RND, nos concitoyens sont conviés en cette nouvelle année à militer davantage et être plus entreprenants pour une Algérie plurielle.» Pour sa part, le député et mohafedh du FLN, Saïd Lakhdari, a insisté qu'«il faut absolument officialiser cette fête et la classer patrimoine immatériel afin de ressouder et unifier les rangs des Algériens», avant de rappeler : «Il y a trois jours, en plénière (APN), j'ai exigé son officialisation au nom de mon parti au même titre que pour la langue amazighe, car au FLN nous ne faisons aucune différence entre toutes les fêtes nationales.» Contacté par nos soins dans le but de connaître la position et les propositions du Front des forces socialistes (FFS) au sujet de Yennayer, le fédéral du FFS de Tizi Ouzou, Farid Bouaziza, a estimé qu'il n'est pas nécessaire de «rabâcher» ce sujet chaque année. Pour lui, la question de l'officialisation et de la reconnaissance du premier jour du calendrier berbère comme journée fériée «n'est pas à l'ordre du jour».