En visite, jeudi dernier, à Constantine pour inspecter les projets de la manifestation de la capitale de la culture arabe, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a fait une halte au mythique café Nedjma, situé tout près de la Medersa de Constantine. La ministre, qui s'est attablée dans un coin du café avec le wali Hocine Ouadah, s'est vu offrir un «vrai» thé à la menthe, spécialité du café Nedjma, qu'elle a pris tout son temps à siroter, avec un plaisir dont elle seule a le secret. La scène, inédite dans un café maure à Constantine, un lieu interdit aux femmes, a attiré des dizaines de curieux. Khalida Toumi inscrira son nom dans l'histoire du plus vieux café maure de Constantine, comme étant la première ministre à franchir le seuil de cette «Mecque» des intellectuels et des musiciens de la ville de toute l'Algérie. Pour l'histoire, le café Nedjma, ouvert en 1928, est le plus ancien de Constantine. Il était une halte inévitable pour des personnalités comme Cheikh Abdelhamid Benbadis, Mohamed Tahar Benlounissi et Malek Bennabi. On comptait parmi ses adeptes le jeune Mohamed Boukharouba, devenu Houari Boumediene, lorsqu'il était élève à El Kettania, mais aussi Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf, Smaïn Hamdani, Tahar Ouettar et Kateb Yacine. Le café a vu aussi le passage de Abdelkrim Dali, El Hadj M'hamed El Anka, Mahieddine Bachtarzi, Sid Ahmed Serri et Smaïn Henni. Même l'ex-ambassadeur des Etats-Unis, Cameron Hume, est passé par là, où il a siroté lui aussi un thé avant de signer ses impressions dans le livre d'or du café.