Le ministère du Commerce nie toute diminution dans les quotas de la poudre de lait livrés aux laiteries. A l'issue d'une enquête lancée la semaine dernière, ses services ont conclu que les consommateurs de lait en boîte tetra pak, dont les prix ont connu une brutale augmentation, se sont rabattus sur le lait en sachet, créant une pression sur le produit. Il n'y a pas eu de pénurie de lait en sachet. Il n'y a pas eu non plus de détournement de la poudre de lait subventionnée par l'Etat à d'autres fins. Les perturbations qu'a connues récemment le marché local dans la distribution du lait en sachet sont dues au comportement de certains consommateurs qui se sont orientés vers l'achat de ce produit», a indiqué, hier, au siège de son département, Aït Abderrahmane Abdelaziz, directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère. Tels sont, en somme, les résultats de l'enquête qu'a initiée au début janvier le ministère du Commerce pour déterminer les «vraies» raisons à l'origine de la perturbation dans la distribution du lait en sachet. Plusieurs wilayas du pays, dont Alger, ont connu, durant les derniers mois de l'année écoulée, des perturbations dans la distribution du lait pasteurisé en sachet. Ce qui avait provoqué une polémique entre l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) et les différentes laiteries, lesquelles avaient même accusé l'ONIL d'avoir diminué les quotas habituels de poudre de lait qu'il leur distribue. Situation qui a contraint le ministère du Commerce à initier une enquête visant à déterminer les causes de la perturbation dans la distribution du lait en sachet. «Il n'y a pas eu de détournement de la poudre» Les conclusions de cette enquête, ayant touché 133 laiteries parmi les 136 bénéficiant de la subvention de l'ONIL, ont fait ressortir une «pression» sur l'offre suite à une «forte» demande, selon le directeur général du contrôle économique et de lutte contre la fraude, Abdelhamid Boukahnoune. Le lait en sachet est disponible, donc on ne peut pas parler d'une pénurie, a-t-il souligné. «Cette pénurie dont a parlé la presse n'existe pas et n'existera pas», a insisté de son côté Aït Abderrahmane. Celui-ci rassure même quant à la disponibilité de quantités suffisantes de la poudre subventionnée par l'Etat. «Le stock de l'ONIL est disponible jusqu'au mois de Ramadhan et l'Etat va encore augmenter la production», a-t-il indiqué. Selon ce responsable, après cette enquête, «il s'est avéré que le prix du lait en sachet pasteurisé, soutenu par l'Etat, n'est pas touché, il demeure à 25 DA le litre», soulignant que «la poudre de lait subventionnée par l'Etat n'a pas été utilisée dans la production d'autres produits laitiers». La subvention en 2013 à été de 30 milliards de dollars En ce sens, M. Boukahnoune dément qu'il y a eu détournement de la poudre de lait subventionnée pour la production d'autres dérivés laitiers au niveau du groupe public de lait de Birkhadem. En revanche, cette enquête a révélé le cas de deux unités incriminées pour un problème de dosage de poudre dans leurs produits. Selon ce responsable, la hausse des prix du lait UHT, induit par l'augmentation des prix de la poudre de lait sur le marché international, a poussé ceux qui consommaient le lait conditionné dans un emballage tetra pak à se rabattre sur le lait en sachet. «La perturbation dans la distribution du lait en sachet est due à la hausse sensible des paquets de poudre de lait (Lahda et autres), ce qui a fait que les consommateurs se sont orientés sur l'achat du lait en sachet, en provoquant une augmentation de sa demande», a insisté de son côté Aït Abderrahmane. «Ce sont les produits, dont la poudre n'est pas subventionnée par l'Etat, qui ont été touchés par les augmentations», a-t-il encore insisté, estimant que «c'est une répercussion évidente sur les prix du marché local», et précisant que l'augmentation des prix de la poudre de lait n'était que de 1% sur les neuf premiers mois de l'année 2013. «L'augmentation sensible des prix n'a eu lieu qu'à partir de septembre (32% en septembre, 18% en octobre, 43% en novembre et 50% en décembre par rapport aux mêmes mois de l'année 2012).» Le prix de la poudre de lait en vrac importée par les importateurs et les industriels est passé de 370 DA à 510 DA le kilogramme entre juillet 2013 et janvier 2014, a-t-on indiqué. Les produits qui ont subi cette répercussion de l'augmentation des prix sur les cours mondiaux sont les laits UHT, les produits laitiers, les yaourts, les fromages, le beurre, le camembert, car, pour reprendre les propos du conférencier, «ils sont soumis au régime des prix libres». Vers l'augmentation de la production de lait en sachet Cela étant, les subventions de l'Etat pour la poudre de lait destinée à la production de lait en sachet étaient de l'ordre de 24,5 milliards de dinars en 2011, 26 milliards de dinars en 2012 et de 30 milliards de dinars en 2013, précise-t-on. Les laiteries spécialisées dans le lait en sachet pasteurisé ont produit, durant l'année écoulée, 1,5 milliard de litres de lait pasteurisé, dont 850 millions produits par des laiteries publiques. Et pour parer à toute éventualité, comme mesures prises, selon Aït Abderrahmane, le Premier ministre a donné des instructions pour augmenter la production de lait en sachet, redynamiser les filières pour améliorer le dispositif de collecte des laits crus, pour renforcer les capacités de production, notamment en lait, et les stocks de l'ONIL. Ces instructions sont également données aux services de contrôle pour sévir en cas de détournement de la poudre de lait vers d'autres produits.