L'aube de l'islam, l'excellent livre d'Ahmad Amin, vient de faire une incursion remarquée chez les francophones, grâce à Ahmida Mimouni qui en a fait une excellente traduction. L'ouvrage de 444 pages, paru aux éditions Mimouni et préfacé par l'islamologue Tahar Gaïd, traite de la vie intellectuelle depuis l'apparition de l'islam jusqu'à la fin de la dynastie umayyade. Eminent formateur et précurseur du progrès, Amin, à travers ses œuvres et son enseignement, s'était lancé, avec sa fougue habituelle, dans la vulgarisation de la culture en général et des sciences en particulier. C'est ce qui faisait de lui tout au long de son parcours un intellectuel engagé, un illustre éducateur, un réformateur et un stimulateur de la démocratisation de la culture et de l'histoire. C'était ainsi qu'il s'inscrivait au nombre des continuateurs du courant d'Al Islah dont les portes avaient été déjà ouvertes par l'illustre cheikh Muhamad Abdou (1849-1905). Ahmida Mimouni aura eu le mérite de nous familiariser avec l'œuvre d'Amin à travers le premier tome, Fajr El islam, en attendant de poursuivre sa noble mission, en traduisant les autres tomes de la trilogie, Duha al islam et Le jour de l'islam, qu'il présenta en guise de conclusion de son travail magistral. Dans L'aube de l'islam, Amin dresse un tableau général dans lequel sont évoqués les Arabes dans la jahilia, leurs origines et leur situation sociale, leurs relations avec les nations voisines. Dans le troisième chapitre, Amin essaie de disséquer la nature de la mentalité arabe à travers leur vie intellectuelle. Dans la deuxième partie de l'ouvrage, Amin s'appesantit sur la transition entre la jahilia et l'islam, sur la conquête musulmane, sur l'influence des Perses, des Grecs et des Byzantins. Dans une description fouillée, l'auteur plonge dans le mouvement scientifique au premier siècle de l'Hégire. Enfin, le livre se termine par une étude sur les sectes religieuses, les kharejites, les chiites, les murfites, les qadarites et les mutazilites. Des notes du traducteur accompagnent les textes pour mieux orienter le lecteur. En définitive, note Tahar Gaïd qui a préfacé ce livre, «Ahmida Mimouni n'a rien omis dans sa traduction attractive, sans jamais trahir la pensée de l'auteur, même si on prétend que traduire c'est trahir. Ahmida a su développer le vrai sens et les véritables idées du texte arabe». Nous souscrivons entièrement à l'opinion de Gaïd, tant cet ouvrage d'une grande portée nous a paru fidèle aux idées propagées par l'illustre penseur égyptien.
L'aube de l'islam par Ahmad Amin. Traduction Ahmida Mimouni, Editions Mimouni 2013.