L'implantation de l'offre de formation en orthophonie (Spécialité Neurosciences cognitives), développée par la Professeur Zellal cette année à la Faculté de santé publique de l'Université libanaise a attisé la frustration de ses étudiants algériens qui en sont privés. A noter que cette offre de formation qui fait l'objet d'exportation vers l'étranger est une première dans l'histoire de l'Université algérienne depuis l'indépendance. La professeure Zellal et ses collaborateurs avaient déjà commencé à assurer les cours depuis fin 2013 à Beyrouth, et un autre groupe d'enseignants partira en mars prochain. Le master algérien sera suivi l'an prochain par le Doctorat qui, paradoxalement, laisse les master 2 algériens sur le carreau. Et dire que le Liban qui ne dispose que du master 1 possède son département d'orthophonie autonome. «Nous sommes la quatrième promotion de master spécialisés en neurosciences cognitives à subir cette aberration, nous sommes contraints de passer un concours pour redevenir généralistes», se plaint, scandalisée, l'une des étudiantes privées de l'offre doctorale du Pr Zellal. «Un doctorat bis a été ouvert avec la même appellation de notre licence et sûrement sans programme, sinon les généralités de la licence. Comment un contenu pédagogique rétrogradant et apparemment inexistant peut-il être habilité, c'est absurde ! C'est comme si on demandait à un médecin spécialiste de concourir pour redevenir généraliste !» La situation que décrivent les étudiants protestataires est étayée par les témoignages d'autres enseignants et semble bien étrange. Une telle incohérence ira à l'encontre de la philosophie-même du système LMD, qui est envisagé comme un cursus évoluant de façon pyramidale. Les étudiants qui ont manifesté leur mécontentement la veille de la tenue du concours sus-cité le 11 décembre dernier n'ont pas eu gain de cause et rejettent l'offre imposée qu'ils considèrent par ailleurs comme une «imposture», sont désormais contraints au «chômage académique», ironise une étudiante. «Nous ne sommes pas dupes, le doctorat que nous propose le département a été habilité sans expertise ; je dirais plus, mieux auto-attribué par et pour des non-spécialistes à la place de l'offre doctorale orthophonie, neurosciences cognitives et e-thérapie de madame Zellal», nous réaffirme une étudiante avertie. «Si ce fruit d'une recherche financée par l'Algérie profite déjà aux étrangers, c'est grâce à sa valeur scientifique ; les Libanais, fort bien enseignés par les séquelles de leur guerre civile prennent le secteur de la santé publique très au sérieux». «L'orthophonie en Algérie doit avoir son département propre, comme partout dans le monde», plaide un enseignant. «Ces jeunes étudiants sont pris en otages à cause des conflits d'intérêts et d'autres problèmes d'égo, les responsables doivent comprendre que l'orthophonie n'est pas la psychologie et cette filière qui n'avance plus d'ailleurs ne doit pas handicaper une science actuelle en plein épanouissement», insiste l'enseignant. Devant le laboratoire d'orthophonie, une étudiante venue rencontrer ses anciens enseignants pour se renseigner sur la possibilité de s'inscrire au Liban afin de parachever ses étude en profite pour nous communiquer ses doléances. Au fond de son sac à main, l'étudiante garde encore la pancarte toute froissée qu'elle avait brandie le 11 décembre dernier lors du sit-in de protestation contre le concours de doctorat incriminé. Sur la grande feuille, on lit (en arabe), tout bonnement et simplement : «Non à la marginalisation».