Le cinéma européen d'aujourd'hui est présent à Alger jusqu'au samedi 1er février 2014. El Watan Week-end a fait sa propre sélection de films. Des films à voir absolument. C'est la deuxième édition des Journées du film européen d'Alger. Une trentaine de films seront projetés du 23 janvier au 1er février à la salle Mohamed Zinet, à l'Office Riadh El Feth, à la faveur de cette manifestation organisée par la délégation de l'Union européenne et les services culturels des Etats membres de l'UE en Algérie. «La diversité thématique des films sélectionnés reflète la richesse de la cinématographie européenne. Tous les films méritent d'être vus. Nous sommes donc heureux de revenir à cette tradition des Journées à Alger. Dans la plupart des capitales, la tenue de ces journées est une occasion pour le public cinéphile de se retrouver, surtout que parfois les films ne sont pas distribués et ne sont pas tout le temps disponibles», a déclaré Marek Skolil, chef de la délégation de l'UE à Alger lors de la conférence de presse d'annonce de la manifestation tenue à l'hôtel Sofitel. Les premières Journées du film européen ont été organisées en 2009. Le producteur et distributeur, El Hachemi Zertal, qui participe à l'organisation des journées, a indiqué que la sélection des films a été faite par Giorgio Gosetti, ex-vice-directeur de la Mostra de Venise. Le critique et universitaire, Ahmed Bedjaoui, a sélectionné les films non européens de la manifestation comme les courts métrages algériens El Djazira, de Amin Sidi Boumediène et Le hublot de Anis Djaâd, ainsi que ceux de la Libanaise Odette Makhlouf, The wall, et de l'Egyptienne Alia Ayman, Catharsis. In the shadow Le cinéaste tchèque David Ondricek a fait appel à deux scénaristes, Marek Epstein (qui sera présent à Alger) et Misha Votruba, pour l'aider à élaborer le récit de In the shadow (Dans l'ombre, Vi Stinu en tchèque). Ce film, qui à l'origine devait s'appeler Dans l'ombre du cheval, ressemble à un thriller. Il relate l'histoire d'une attaque d'une bijouterie dans le Prague communiste de 1953. In the shadow s'intéresse, en fait, à la persécution de juifs tchèques par la sécurité d'Etat huit ans après la fin du régime nazi. Un fait d'histoire couvert par les poussières de l'oubli. David Ondricek, qui est un réalisateur de clips, a étudié 17 versions du scénario avant de trancher pour un film qui peut relever aussi de ce que l'on peut appeler le cinéma noir. In the shadow a raflé, après sa sortie en 2012, neuf des onze lions mis en compétition en Tchéquie et a été nominé aux Oscars. Barbara Presque dix ans avant la chute du mur de Berlin, Barbara (Nina Hoss), qui vit en Allemagne de l'Est, veut «passer» de l'autre côté. La paranoïa ambiante fait d'elle «une suspecte». Elle est donc envoyée dans un village de province. Berlin Est «corrige» les fuyards potentiels. Le cinéaste allemand Christian Petzold, lui-même originaire de l'ex-RDA, raconte donc la grande histoire à travers le récit personnel, presque intimiste, de Barbara, une femme qui a presque perdu goût à la vie et qui se réfugie dans le silence. Est-ce parce que la redoutable Stasi écoute aux portes ? Possible. Christian Petzold a voulu probablement suggérer que «le rêve» de l'Allemagne de l'Ouest n'était pas aussi coloré ! Barbara a obtenu l'Ours d'argent du meilleur réalisateur Festival de Berlin en 2012. Les saveurs du palais Dans cette comédie, on plonge dans les cuisines de l'Elysée. Le Français Christian Vincent s'est inspiré du vécu de Danièle Mazet-Delpeuch, cuisinière de François Mitterrand, pour élaborer un film plaisant. Danièle Mazet s'appelle Hortense Laborie (Catherine Frot) dans la fiction, s'impose grâce à son goût raffiné et ses plats savoureux. A travers la cuisine, le sucré-salé et le gâteau Saint Honoré, Christian Vincent dévoile quelque sbouts de chair du pouvoir. Et là, les cuisines peuvent devenir des laboratoires, des cellules, des antichambres… Jean d'Ormesson, qui a interprété le rôle du président de la République français, ne s'est pas mal débrouillé dans ce film. Le chemin de Halima Halim'spath (ou Le chemin de Halima) est la fiction à ne pas rater de ces deuxièmes Journées du film européen (la projection est prévue le 27 janvier à 19h). Magistralement réalisé par le Croate Arsen Anton Ostojic à partir du scénario parfait de FedjaIsovic, ce long métrage évoque la guerre sans la montrer, détaille le drame des Balkans avec une telle profondeur humaine et une telle maîtrise artistique qu'il peut figurer parmi les meilleurs films de ces dix dernières années en Europe et… dans le monde. La comédienne Alma Prica (Halima) a donné au film une force narrative sans commune mesure. Le chemin de Halima est une belle réflexion sur les ravages de la guerre et sur les blessures du temps La porte Les femmes sont aux premières loges de ce film curieux du Hongrois Istvan Szabo, La porte, d'après un roman de Magda Szabo. Magda raconte dans ce livre sa propre relation avec sa servante dans la Hongrie indolente des années 1960. La sagesse de la servante Emerence va ouvrir des fenêtres pour l'écrivaine (campée par Martina Gedeck). Istvan Szabo a saisi toute la psychologie de cette narration pour en faire un film où les rapports humains sont «analysés» à travers un regard, un mot, une réflexion, un silence. Le Havre Le cinéaste finlandais Aki Kaurismaki, le plus illustre de tous de ce pays du Nord, a choisi la ville française du Havre pour raconter une histoire tendre d'un jeune migrant noir clandestin qui s'installe dans le port (le deuxième de France après celui de Marseille) de cette ville de la Haute Normandie. L'enfant sera protégé par les habitants du quartier voisin (les égoïsmes sont souvent défaits par la solidarité) et par Marcel Marx (André Wilms), un écrivain désespéré et optimiste à la fois. La police cherche l'enfant africain partout. Marcel monte avec les voisins un petit stratagème pour mettre à l'abri «le recherché». A sa sortie, Le Havre a suscité beaucoup d'émotion chez le public. La froideur européenne, celle qui chasse le migrant partout, est mise à rude épreuve dans ce drame filmé avec passion par Aki Kaurismaki. Le Havre a obtenu le prix de la Fédération internationale de la presse cinématographique (Fipresci) au Festival de Cannes en 2011. La Chine est encore loin Ce documentaire a été rarement vu en Algérie. Malek Bensmaïl est allé dans les Aurès rencontrer la population cinquante ans après l'indépendance de l'Algérie. Il donne la parole aux écoliers. Ils parlent de leurs rêves, de ce qu'ils connaissent de l'histoire de la guerre de Libération nationale, de ce qu'ils regardent à la télévision… La Chine est encore loin a obtenu le grand prix du Festival du film documentaire de Munich et le prix spécial du jury au Festival de Tétouan.